Mieux utiliser la voie d’eau (suite)

En septembre 2014, Gil Leparmentier publiait dans La lettre n° 72 un article sur le transport de marchandises et de passagers sur la Seine. Dans le numéro suivant, Pedro Ferreira, administrateur du club sportif de Boulogne-Billancourt (ACBB) section aviron, réagissait et proposait d’en débattre. Cet article résulte de ces échanges.

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Sur l’île de Monsieur, en aval du Pont de Sèvres, sont basés six clubs sportifs. Trois clubs de kayak, deux clubs d’aviron et un club de voile, près de 2 000 personnes en sont adhérentes dont 800 pour l’aviron, ce qui en fait le premier club français. En 2007, lorsque les clubs se sont installés, un accord avait été trouvé quant à l’utilisation de la Seine. Du barrage de Suresnes au Pont de Saint-Cloud sont implantés les clubs de ski nautique. Du Pont de Saint-Cloud au boulevard périphérique le fleuve est ouvert à l’aviron, aux kayaks et aux voiliers. Paris, pour sa part, interdit les sports nautiques. Bien entendu d’autres usagers naviguent sur le fleuve, en premier lieu les mariniers et leurs péniches.

La peur de la vague

La hantise de tous ceux qui naviguent sur de petites embarcations c’est qu’une vague provoquée par le passage d’un bateau les fasse chavirer. Cela arrive chaque année ! Le plus souvent ce sont les plaisanciers qui conduisent, trop vite, de gros hors-bord et provoquent des accidents. Pourtant, aux abords de l’île de Monsieur, la vitesse est limitée à 20 km/h…

C’est cette peur de la vague qui a conduit les clubs nautiques à s’opposer au projet de bateau-bus Voguéo. « Les bateaux qui transportent des passagers, explique Pedro Ferreira, provoquent du batillage, des vagues qui ricochent d’une rive bétonnée à l’autre et mettent plus de dix minutes à disparaître. Avec un passage toutes les vingt minutes, dans les deux sens, notre pratique deviendrait impossible ».

La recherche du compromis

Les clubs ont conscience du fait qu’ils ne sont pas les seuls utilisateurs de la voie d’eau et Pedro insiste sur le fait que son activité n’est pas exclusive. Pourtant, pour que la cohabitation soit possible, il faut que les embarcations restent à taille humaine. Il remarque que les bateaux commerciaux sont de plus en plus gros. Les mariniers ont du mal à vivre avec des péniches au gabarit Freycinet (300 tonnes) et les 600 tonnes tendent à devenir la norme. Si cette tendance devait se confirmer et la circulation s’intensifier, notamment avec le transport de passagers, il faudrait repenser le partage du fleuve. Par exemple en réservant le petit bras de Seine, entre l’île Seguin et la rive sévrienne, aux clubs nautiques. Cela imposerait de changer le sens de circulation et d’installer un feu rouge à la pointe de l’île de façon à ce que les péniches puissent se croiser. L’autre solution consiste à faire que les bateaux qui circulent dans le périmètre de la métropole soient conçus pour faire le moins de vagues possible et que leur taille soit réglementée. La mixité des usages est à ce prix.

Luc Blanchard, Isabelle Deak-Mikol, Pedro Ferrera, Gil Leparmentier

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Menace sur l’île de Monsieur

Parmi les dangers qui menacent la pratique des sports de nature sur l’île de Monsieur, il en est un qui ne doit rien à l’usage du fleuve. Le département rêve de rentabiliser cette zone inondable en y installant un « équipement aquatique ». Un bureau d’étude doit proposer trois scénarios début 2015. La construction d’une piscine de cinquante mètres est d’ores et déjà dans les tuyaux.

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