Pollution de l’air et santé des Franciliens

Les associations sont excédées par la lenteur de réaction des autorités concernant la mise en place de mesures efficaces pour lutter contre la pollution de l’air. La maison brûle et elles regardent ailleurs !

p5_Carnaval des asphyxiés 1 fevrier2014_opt Carnaval des asphyxiés organisé par Ile-de-France-Environnement.

Toutes les études concernant les polluants de l’air émis par l’homme concluent à leur dangerosité pour la santé humaine. Les plus récentes comme APHEKOM (2008-2011 dans 12 pays européens) et les plus longues comme ERPURS (conduite depuis vingt ans en France) suggèrent une réduction de l’espérance de vie. Les analyses faites en novembre 2013 et mars 2014 par AIRPARIF et le CNRS grâce au ballon de Paris installé au Parc André Citroën, sur une colonne d’air de 300 m de hauteur du sol au ballon, montrent que les particules fines (dont la taille est inférieure à 10 µm) dépassaient 100 µg/m3 alors que la limite supérieure est de 50 µg/m3. Plus alarmant encore, ce sont les plus fines dont la taille est inférieure à 0,1 µm qui étaient les plus abondantes, dépassant 6 millions par litre d’air. Aucune limite n’est fixée pour ces particules ultra-fines, les plus dangereuses pour la santé en raison de leur petite taille. Elles arrivent au fond des alvéoles pulmonaires et traversent les membranes des cellules ciliées pénétrant ainsi la circulation sanguine comme les gaz respiratoires (oxygène, CO2…). Ces particules sont impliquées dans les maladies cardio-vasculaires et pulmonaires dont l’asthme. La prévalence de l’asthme chez l’enfant de moins de 12 ans a été multipliée par 6 en vingt ans, un enfant sur six en est atteint. Les causes de pollution sont connues : trafic routier et chauffage urbain pour les deux tiers, le reste venant des activités industrielles et agricoles, voire d’autres régions européennes.

Les associations attaquent

Île-de-France Environnement a organisé une manifestation le 1er février 2014 à Paris, place du Trocadéro, pour dénoncer cette situation qui frappe toute l’agglomération parisienne, soit 6,5 millions d’habitants et entraînera selon l’OMS une baisse de l’espérance de vie de 6 mois pour les adultes. En France, l’OMS chiffre à 40 000 le nombre de décès annuels liés à la pollution. Malgré tous ces signaux négatifs, l’Etat ne bouge désespérément pas et même revient en arrière sous la pression des lobbys routiers. Le scandale récent du retrait de la taxe poids lourds est inimaginable et démontre la puissance d’un lobby face à l’ensemble des citoyens. La ville de Paris et la région Île-de-France tentent de faire avancer le dossier et de limiter le trafic routier. Nous appuyons ces excellentes dispositions et souhaitons que les mesures préventives : limitation du trafic pour les véhicules les plus polluants, interdiction des diesels dans le cœur d’agglomération, achat de bus fonctionnant au gaz par les sociétés de transport de passagers (RATP, SNCF, Optile) se mettent en place rapidement.

Les associations de protection de l’environnement en ont assez du laxisme ambiant. Elles ont créé le projet « Clean Air » groupant des associations anglaises, allemandes, belges, danoises, françaises et même russes autour d’un pôle juridique apte à attaquer les comportements des États. Ainsi, la Cour suprême européenne vient de condamner en 2014 l’Angleterre pour les dépassements d’oxyde d’azote suite au recours de l’association « Client Earth ».

Michel Riottot

 

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