Adieu place Bergeyre, les bulldozers sont passés. Pour faire quoi ? Pas seulement les quatre voies imposées et inutiles, mais aussi « une grande pelouse de loisirs et de détente en bord de Seine, à laquelle on accédera par des marches de pierre calcaire et une rampe pour les personnes à mobilité réduite ». Toute cette casse pour ça…
Rappelons que le Tribunal administratif de Cergy Pontoise s’est prononcé le 15 mars 2013 : Vallée Rive Gauche est une opération absolument irréprochable. Il a ainsi débouté la dizaine d’associations, le conseil syndical et la trentaine de particuliers qui, comme les trois-quarts des avis donnés à l’enquête publique, affirmaient le contraire. Non content de ce pied de nez, il a mis tout ce monde à l’amende : 10 000 € à verser à la victime du harcèlement, l’impécunieux Conseil général des Hauts-de-Seine.
Le collectif du Val de Seine, qui regroupait 25 associations à la dernière fête des Guinguettes place Bergeyre le 23 juin 2012, a obtenu la compréhension du comptable public et a organisé la solidarité. La somme sera versée sur sept ans. Elle est partagée entre les associations et les groupements de riverains contestataires, après déduction des contributions volontaires des particuliers. Une deuxième tranche de 1 500 € vient d’être réglée en ce début 2015. Bien sûr, il a été fait appel des deux jugements du 15 mars 2013 et il y a bon espoir de voir restituée cette ponction sur les contestataires, à défaut de nos berges…
Maintenant que l’irréparable est commis, certains regretteront peut-être de ne pas avoir su faire une ZAD comme sur tant d’autres sites où des élus aveugles veulent imposer de grands projets nuisibles et inutiles. Mais il ne faut pas désespérer, pour trois raisons.
Trois raisons d’espérer
D’abord, l’extension de l’espace public sur les berges de Sèvres, Meudon et Issy-les-Moulineaux est un acquis appréciable. Les aménagements en cours ne sont pas éternels. Ainsi l’emprise des 4 voies de la RD 7 peut un jour être redessinée pour 2 larges voies et de grands trottoirs, comme cela a été fait rue de Rennes à Paris. Des giratoires sans feux peuvent remplacer les carrefours à feux. Les 4 km de linéaire entre route et fleuve peuvent devenir un jour une promenade de rêve.
Ensuite, une nouvelle opération met en question la place de la voiture dans nos quartiers proches du fleuve. Il s’agit du réaménagement de l’échangeur du pont de Sèvres, dont l’enquête publique s’est achevée le 28 novembre 2014. Grâce à la réserve parlementaire de notre sénateur André Gattolin, le collectif a mobilisé à nouveau les professionnels qui avaient conçu le scénario alternatif d’une RD 7 à deux fois une voie et demie et à giratoires sans feux. Nous disposerons dès février de l’esquisse d’un pont de Sèvres en 2030 rendu à la ville. Il sera débarrassé d’une bonne partie de ses automobilistes, convertis aux modes de déplacement vertueux ou reportés sur des itinéraires de contournement. Restera alors à faire en sorte que le Conseil général apporte à son projet les inflexions de nature à préparer le mieux possible cette vision 2030 d’un pôle urbain exceptionnel, tant par ses établissements culturels que par ses accès aux transports métropolitains.
Enfin, il y a la Rive Droite. Elle se mobilise à nouveau pour le renouveau de ses berges. Le 18 décembre 2014, le maire de Boulogne-Billancourt a demandé à son conseil de l’autoriser à « engager toute démarche (…) dans le cadre du projet portant sur la reconquête des berges de la Seine à Boulogne-Billancourt ». Saura-t-il mieux dialoguer avec Val de Seine Vert et ses partenaires que pour l’aménagement de l’Ile Seguin ? C’est une bonne question.
Daniel Mouranche