Les tilleuls de l’avenue du Château, entre hystérie et raison d’État

La récente polémique qui a vu s’affronter, trop durement, des défenseurs spontanés des arbres et deux associations de protection de l’environnement nous interroge sur la gestion des arbres d’alignement, le long des routes, des rues, des parcs et jardins… Sans amplifier cette controverse, on peut la résumer par l’affrontement de deux intérêts généraux, l’un sacralisant les services écologiques rendus par les arbres et l’autre la sécurité des citoyens.

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L’avenue du Château, à Meudon, monument historique depuis 1972, fait l’objet d’un plan de rénovation par les services du ministère de la Culture (DRAC) depuis 1999. Il comprend à la fois le réaménagement de la chaussée routière (déjà effectué) et des allées piétonnières, l’aménagement de places de parking et la restructuration des 4 alignements de tilleuls (150 tilleuls, chacun à terme). Les diverses étapes de ce plan ont été discutées par toutes les parties intéressées : DRAC, mairie, préfecture, riverains représentés par leurs associations de protection de l’environnement : Vivre à Meudon, CSSM et AAAC, laquelle s’est créée en 1999 avec pour objet la défense les arbres et la rénovation de l’avenue comprenant à la fois la chaussée routière et les contre-allées. En 2000, l’AAAC dépose un recours contre le projet DRAC d’abattre les 500 tilleuls de l’avenue et gagne son recours, contraignant la DRAC à discuter avec les associations.

C’est l’entretien des arbres qui pose problème

L’État, via ses services de l’équipement et de la culture, et les conseils départementaux ont mis en place depuis longtemps des plans de gestion des alignements, basés sur 4 critères : responsabilité civile, sécurité accidentologie, sécurité phytosanitaire et patrimoine esthétique. L’analyse des contentieux montre que les aspects sécuritaires sont prioritaires.

Les grands arbres d’alignement tels les tilleuls ont une durée de vie très supérieure à celle de l’homme. Ils doivent être régulièrement entretenus afin que, par un élagage bien réalisé, il n’y ait pas de chute de branches. C’est bien là le principal problème de l’avenue du Château, un mauvais entretien qui aboutit à un plan drastique de rénovation des alignements, auquel s’ajoutent les creusements nécessaires au réaménagement des contre-allées qui vont endommager les racines des grands tilleuls.

Pendant les travaux la concertation continue

Une première tranche de travaux concernant la rénovation de la partie Est de l’avenue est en cours. Elle a débuté en décembre 2015 par l’abattage de 34 tilleuls et la replantation de 128 tilleuls âgés de 10-15 ans, et se poursuivra par la rénovation de la contre-allée (terrassement et places de parking). En hiver 2016-printemps 2017, la deuxième tranche portera sur le réaménagement de la partie Ouest. Les prévisions d’abattage de tilleuls et de replantation sont beaucoup plus élevées qu’en partie Est. Mais, lors de la réunion du 7 décembre 2015 entre la DRAC, les associations et la mairie, il a été envisagé que le plan d’abattage puisse être révisé à la baisse en fonction d’une analyse phytosanitaire plus poussée. Un dialogue constructif, sous la pression des associations qui veulent protéger les tilleuls sains, s’est institué, pourvu que cela dure !

Michel Riottot

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