Une nouvelle étape dans la défense des berges de Seine

61.9 photo recours berges_fmtDe nombreux particuliers et associations, dont Val de Seine Vert, ont introduit un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise contre le projet d’artificialisation des berges sur la rive gauche du Val de Seine.

Le 12 octobre 2010, le Préfet des Hauts-de-Seine autorisait le Conseil général des Hauts-de-Seine à « réaliser des travaux d’aménagement de la RD7 et des berges de la Seine sur le linéaire comprenant les communes de Sèvres, Meudon et Issy-les-Moulineaux ».

Un projet « berges » accolé au projet « route »

Cet arrêté fait suite à 10 années de démarches engagées par le CG92 pour réaménager la RD 7 à quatre voies, projet appelé Promenade bleue puis Vallée rive gauche, dont le tronçon Sèvres/Issy-les-Moulineaux ne représente qu’une petite partie. Sur ce dernier territoire, plusieurs « concertations » préalables ont eu lieu, occasions pour le public d’exprimer à chaque fois un rejet massif du projet.

Si la restauration de la voirie très endommagée par de nombreuses années de délaissement est devenue une nécessité, les riverains ont démontré dans leurs avis joints aux enquêtes publiques successives l’inutilité et la nocivité de l’élargissement de la route ; ils ont également remis en cause le volet « berges » du projet, jugé contraire à une bonne gestion de l’eau et des milieux naturels associés.

À ce titre, 30 requérants dont 7 associations viennent de  déposer ensemble un recours contre l’arrêté préfectoral pour demander son annulation.

Le fond du problème

Sur le linéaire concerné, les berges de Seine ont été progressivement renaturées depuis la déprise industrielle du début des années 90. Malgré quelques avatars, elles retrouvent un rôle de corridor écologique spécifique des espaces de rencontre entre la terre et l’eau, si nécessaire au bon fonctionnement des cours d’eau : limitation du risque d’inondation, autoépuration de l’eau, maintien des habitats pour la faune et la flore, etc.

Le projet Vallée rive gauche menace ce fragile équilibre. L’artificialisation des berges progresserait, avec l’installation de palplanches, de gradins en béton, de bassins imperméables et de pistes goudronnées. Les milieux naturels existants, prairies, ripisylve et frayères à poissons, loin de bénéficier de mesures de confortement, voir de compensation, seraient remplacés par des aménagements lourds.

La forme rejoint le fond

Maître Le Briero, avocat des requérants, pointe les manquements à l’observation des différents textes de loi et règlements qui régissent un tel projet. Ces erreurs ou omissions vont toutes dans le même sens, celui d’une intervention peu sensible à la complexité du site et à son potentiel écologique :

• l’insuffisance substantielle de l’étude d’incidences jointe au dossier semble patente : pas de prise en compte des interactions naturelles (ressources, faune, flore) créant la continuité écologique sur l’ensemble du linéaire ; pas d’examen secteur par secteur des dispositifs de murets et remblais existants ni des impacts des aménagements envisagés sur les aspects hydrauliques et écologiques, etc.

• l’aspect lacunaire de l’examen du PPRI (plan de prévention du risque inondation), qui n’évalue pas, entre autres, l’impact du ruissellement provoqué par l’imperméabilisation des sols des parkings et des pistes aménagées sur cette zone inondable.

• les compatibilités avec le SDAGE (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) Seine-Normandie et la Directive cadre européenne sur l’eau ne sont pas recherchées de manière complète, de sorte qu’on ne sait pas comment les objectifs du bon état écologique fixés par cette directive pourraient être atteints.

Ce site a pourtant tous les atouts pour tenter une véritable réconciliation entre la ville et le fleuve : un cadre magnifique, la proximité d’espaces boisés, une urbanisation mesurée et un large espace de berges. Quel gâchis ce serait de le livrer à la voiture aux dépens des riverains et des milieux naturels ! Voilà pourquoi de nombreux citoyens ont décidé d’aller jusqu’au recours.

Anne-Claire Gadenne

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