Notre lettre trimestrielle ne coïncidant pas avec le début de chaque trimestre, il est nous difficile de vous adresser nos vœux au cours du mois de janvier. Mais il n’est jamais trop tard pour le faire : alors bonne année 2013 à tous !
La triple tour du projet 2. La maquette étant blanche sur fond blanc, les responsables du site « sauvonslileseguin.com », a qui nous avons demandé cette photo, ont grisé le contour de la tour, pour qu’elle soit visible.
Dans le domaine de l’aménagement, un vœu pourrait être fait que la raison reprenne ses droits et que la qualité de vie des habitants devienne une priorité ! Malheureusement, pour reprendre l’exemple de deux dossiers suivis par notre association depuis des années, celui d’Issy-les-Moulineaux et celui de l’île Seguin, notre souhait semble loin de pouvoir se réaliser.
À Issy-les-Moulineaux, les projets de tours ne cessent de prendre forme. Il suffit pour cela d’aller sur le site du cabinet d’architectes Pietri (www.pietriarchitectes.com/projects/view/22) qui expose l’une des futures tours de 60 000 m² de bureaux. Et à Boulogne-Billancourt, le béton ne cesse de croître malgré une pseudo-consultation de la population.
Mais revenons plus précisément sur cette dernière opération pour faire suite à l’article de notre dernière lettre « Seguin, l’impossible consultation ». Du 24 novembre au 16 décembre dernier, les Boulonnais ont donc eu le droit de choisir entre trois variantes du projet de Jean Nouvel. La première comportant quatre tours et 310 000 m² de planchers, la deuxième une triple tour et 255 000 m² et la troisième 232 000 m² sans projet de tour. Le 16 décembre 2012, la solution n° 2 a été acceptée par 40 % des 17 547 votants, eux-mêmes ne représentant que 20 % de la population inscrite sur les listes électorales. Commentant ce résultat, le maire de Boulogne-Billancourt parle du succès « populaire » de la première consultation de ce type en France et déclare « la renaissance annoncée » de l’île et le journal municipal titrant « Feu Vert pour l’île Seguin ».
Face à de tels éloges, il faut seulement rappeler qu’en droit la méthode utilisée est contestable. Un référendum local respectant les règles du code des collectivités territoriales en la matière aurait été préférable, voire même une intervention de la commission nationale du débat public. Cela ne constitue, d’une part, qu’une vaste opération de communication destinée à rassurer des investisseurs potentiels et des habitants déçus que rien ne bouge sur l’île Seguin depuis 20 ans, et d’autre part, à pallier l’absence d’une vraie concertation et d’une transparence réelle dans l’élaboration de ce projet d’aménagement.
Et puis au fond cela ne résout rien. Le plan local d’urbanisme (PLU) adopté en 16 juin 2011 autorisant 330 000 m² sur l’île Seguin est toujours en vigueur et donc il reste toujours possible de les construire malgré cette consultation. Quelle est la valeur légale de son résultat ? Dans quelques mois, le maire de Boulogne-Billancourt peut très bien dire qu’au regard de nouvelles dépenses imprévues il faut augmenter le nombre de m² à construire. Il l’a fait une fois, il peut très bien le refaire et ce d’autant plus que ce résultat n’est source d’aucun engagement. Enfin, le recours judiciaire portant sur ce PLU est toujours en cours créant un doute à l’encontre duquel aucun investisseur raisonnable ne peut aller. D’ailleurs, en ces temps où le marché de l’immobilier de bureau se redéploie, il est urgent de revenir au 175 000 m2 constructibles inscrits dans l’ancien Plan local d’urbanisme.
Alain Mathioudakis