Le second tour des élections municipales, le 28 juin 2020, a réservé des surprises de taille à un département où la stabilité politique semblait la règle.
En dehors des 4 fiefs communistes ou crypto-tels, toujours inexpugnables, Bagneux, Malakoff, Nanterre et Gennevilliers, aucune commune n’était dirigée par un élu de gauche et écologiste. Remarquons qu’il n’y a plus aucune liste écologiste Europe Écologie Les Verts (EELV) autonome dans les communes communistes. Les postes d’adjoints semblent suffire à l’affirmation identitaire des écologistes d’EELV.
Il faut rappeler que de grandes villes avaient été regagnées par la gauche en 2008, telles Colombes et Asnières, et que ces victoires n’avaient tenu qu’un mandat. 2014 avait vu la perte de toutes les villes tenues par la gauche non communiste, Chaville, Clamart et Fontenay-aux-Roses comprises. Municipales et départementales en 2014 avaient été dévastatrices pour la gauche et les écologistes. Le conseil départemental des Yvelines est monocolore de droite et celui des Hauts-de-Seine l’est presque autant. Il ne reste, comme opposition, qu’une doublette socialiste et deux doublettes communistes.
Nouvelle donne en 2020
Les alliances LREM et LR n’ont pas fonctionné, comme à Bordeaux. Nul doute qu’au-delà du désir de changements profonds de la population, une certaine incapacité de la droite à renouveler ses cadres est à signaler. Le retour à gauche de Châtillon, gagnée par Nadège Azzaz du parti socialiste, avec une équipe réunissant les partis de gauche et les écologistes est aussi à relever. C’est une mairie perdue par le parti communiste en 1983, lors d’un raz-de-marée de droite dans le département et la France entière.
L’enjeu pour les écologistes
La victoire de Patrick Chaimovitch à Colombes, militant écologiste depuis des dizaines d’années, est un signe fort qui marque le retour d’une véritable alternance dans le département. C’est le premier maire écologiste et d’une ville importante et populaire dans les Hauts-de-Seine. Il faudra qu’il démontre que l’écologie n’est pas un simple avatar de la gauche traditionnelle, de nouveaux habits pour habiller les mêmes politiques justes reverdies. C’est sans doute, pour l’écologie, tout l’enjeu de la conquête de métropoles et de villes denses avec de fortes populations.
Chaville un cas à part
Chaville voit une rareté : l’union entre un maire de la droite la plus traditionnelle, Jean-Jacques Guillet, qui n’est plus aux Républicains et qui flirte sans adhérer avec la République en Marche et le groupe EELV et les écologistes de Chaville. Alliance rare en France mais qui renvoie aux nombreuses unions entre droite et Verts que ce soit en Allemagne, en Autriche au niveau gouvernemental, en Irlande. L’ancrage à la gauche traditionnelle n’est pas une constante chez les écologistes . On se souvient d’Antoine Waechter, ancien dirigeant des Verts professant que « l’écologie politique n’est pas à marier ». Le tournant de l’alliance systématique à gauche date de 1995, quand Les Verts abandonnent leur position d’indépendance et acceptent les unions de premier tour.
Ce ne sera pas facile pour les écologistes chavillois, le maire actuel étant, par exemple, aux commandes de l’implantation sur le département de plusieurs dizaines de panneaux lumineux électroniques pour la publicité du département et de la publicité tout court. Peut-être plus facile qu’à Paris, où les écologistes alliés à la gauche doivent combattre les tours voulues par Anne Hidalgo.
Frédéric Puzin