Avec les JO 2024 et le Grand Paris, l’agglomération parisienne s’apprête à connaître une vague sans précédent de grands projets urbains portés par des élus et des sponsors institutionnels.
Plusieurs de ces projets répondent à des préoccupations sociales indéniables, mais ils entraîneront une nouvelle hausse de l’immobilier et contribueront à bétonner davantage la région. Qu’en est-il des prétentions de leurs promoteurs à l’excellence environnementale ? Pouvait-on faire autrement et dessiner un Grand Paris plus proche des habitants ?
Réparer le Grand Paris
Ces Jeux vont marquer une étape pour la construction du Grand Paris, et cette construction est l’affaire de tous les Franciliens. Comment les Jeux Olympiques pourraient-ils permettre de réparer le Grand Paris ? Comment faire de ces Jeux un élan véritablement positif pour l’agglomération parisienne ?
La densité ou la densification de certains territoires peut être une qualité pour économiser des terres agricoles et réduire l’usage des transports individuels, par la proximité des services, des emplois et des transports en commun. Mais cette densité doit être pensée, la croissance du Grand Paris ne peut pas être infinie. Paris est une des villes les plus denses d’Europe avec seulement 5,8 m² d’espaces verts par habitant, contre 45 m² à Londres, ou 321 m² à Rome.
Des JO verts… ou pas
Le comité d’organisation de Paris 2024 promet que ses JO seront « les plus verts de l’histoire ». L’exemple de l’extension du palais des sports de Bercy Paris Arena, sous prétexte de jeux olympiques, aux dépens du parc de Bercy ou de Roland-Garros, illustre à petite échelle la contradiction entre deux visions très différentes de l’avenir de la capitale.
Quelques nouvelles infrastructures viendront priver provisoirement les Franciliens de quelques mètres carrés d’espaces verts , le Champ de Mars et esplanade des Invalides vont disparaître sous des tribunes temporaires mais aussi définitivement (extension du stade Roland-Garros qui empiète sur le jardin des Serres d’Auteuil, ou projet de salle Arena II en extension de Bercy qui prévoit de grignoter un morceau du parc).
Le visage de la métropole
Sur notre territoire pas moins de 7 sites sont concernés : Parc des Expositions porte de Versailles, Parc des Princes, Stade Jean-Bouin, Roland-Garros, Arena 92 Nanterre, Stade Yves-du-Manoir à Colombes, Stade Pierre-de-Coubertin, et pas loin de 10 si on s’étend vers le Château de Versailles ou le Champ de Mars et le Trocadéro. Même bien pourvue en infrastructures sportives, Paris devra tout de même dépenser quelque 3 milliards de dollars pour construire ou rénover, dont la moitié pour le seul Village olympique.
Si les JO 2024 veulent marquer durablement l’histoire de Paris, et du monde, ils doivent proposer aux Parisiens un projet différent : ne pas se contenter de marketing autour de spectacles sportifs mais inventer des issues aux problèmes de surdensité, aux problèmes de logements, de gouvernance, d’énergie… ils doivent aussi tempérer l’esprit de compétition pour réaffirmer les valeurs de la coopération, de la solidarité et réinventer le vivre ensemble.
Des décisions se prennent aujourd’hui qui façonneront le futur visage de la capitale et de ses environs… Pour le meilleur, ou pour le pire ?
Antoine Monnet