Le plus grand port fluvial d’Ile-de-France projette de construire un entrepôt XXL sur les berges de Seine.
Un projet pas si « Green » que ça !
6 00 mètres de long, 35 mètres de haut, voilà les mensurations de l’entrepôt que la société Goodman propose de construire sur le port de Gennevilliers. Pour Haropa port, gestionnaire des 400 hectares d’espaces portuaires de Gennevilliers, ce projet permet de renforcer le transport fluvial à proximité immédiate de la capitale. C’est vrai, mais à quel prix ?
Entrepôts contre nature
Alors que tout le monde s’accorde à dire qu’il faut renaturer les berges de Seine, le projet Greendock se cale sur l’emprise des entrepôts construits, de 1950 à 1970, par le groupe Rousselet. La renaturation, pourtant prévue par les schémas régionaux, n’est plus à l’ordre du jour. C’est bien dommage car à moins de 90 mètres, sur la pointe de L’Ile-Saint-Denis, s’étend un site Natura 2000 riche en biodiversité qui ne demande qu’à essaimer. Le projet de Goodman, s’il voit le jour, aurait au contraire un impact négatif sur cette zone. Des entrepôts sur quatre étages qui fonctionnent sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ont évidemment un fort impact sur leur environnement.
Les associations de défense de l’environnement, mobilisées contre le projet, s’inquiètent aussi de la destruction de l’habitat des espèces animales présentes sur le site. Plusieurs d’entre elles, telles que les lézards des murailles et les moineaux, sont des espèces protégées qui ne survivront pas à la destruction des anciens entrepôts. Le permis de démolir, accordé par la préfecture, n’en tient aucun compte !
Antoine Berbain, directeur général délégué de Haropa port, plaide pour l’intensification du transport fluvial. Cela implique de développer les infrastructures portuaires et de densifier les ports existants. Il présente aussi Haropa port comme un acteur de la décarbonation : plus de bateaux sur le fleuve, c’est moins de camions sur les routes. Tout cela est entendable. Pour autant cela ne valide pas le projet Greendock, ni son site d’implantation. L’impact des entrepôts sur le corridor de biodiversité qu’est la Seine serait bien moindre s’ils étaient implantés sur les darses, ces bassins creusés à l’intérieur du port. Ce serait plus cohérent avec le Schéma d’orientation et développement durable du port de Gennevilliers.
Luc Blanchard