Grand Paris Express, une opération spéculative ?

Les travaux du métro automatique, qui doit être opérationnel à l’horizon 2030, ont commencé. Ce projet pharaonique est-il une réponse appropriée aux problèmes de transports que connaît l’Île-de-France ou bien un gaspillage d’argent public ? De nombreux experts posent la question, chiffres à l’appui.

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Le Grand Paris Express (GPE) c’est 205 km de lignes de métro qui doivent relier les territoires de la région Île-de-France. L’objectif est de désaturer les transports existants, de réduire la pollution automobile et de favoriser le développement économique de la région Île-de-France.
À l’horizon 2030
La Commission européenne a validé, le 31 juillet 2015, un plan d’investissement pour les transports incluant un financement pour le Grand Paris Express de près de 31,3 millions d’euros.
• 205 km de lignes de métro automatique seront créés ;
• 68 nouvelles gares relieront les pôles du Grand Paris, les 3 aéroports et les gares TGV ;
• 2 millions de voyageurs emprunteront chaque jour ce nouveau réseau ;
• les temps de trajet seront considérablement réduits, notamment de banlieue à banlieue, avec des lignes en rocade.
Le tronçon sud de la ligne 15 allant de la gare du Pont de Sèvres à la gare de Noisy-Champs, est le premier des six tronçons à être mis en œuvre. Il a été déclaré d’utilité publique par un décret publié le 27 décembre 2014.
Longue de 33 km, la Ligne 15 Sud du Grand Paris Express traverse 4 départements, 21 communes et relie 16 gares. Il est prévu que sa fréquentation quotidienne soit comprise entre 250 000 et 300 000 voyageurs, qui bénéficieront de rames d’environ 1 000 places et d’une vitesse commerciale de 55 km/h.
Les travaux préparatoires (déviation des réseaux concessionnaires) ont démarré dès le mois de février 2015 à Issy-les-Moulineaux pour une durée d’environ deux ans. C’est aussi le cas à Cachan, Créteil, Villejuif, Champigny et Saint-Maur. Les travaux de génie civil de l’infrastructure proprement dite, devraient suivre fin 2016, début 2017.
Une bulle immobilière
En parallèle, la Société du Grand Paris négocie les conditions d’expropriation des zones nécessaires à la construction : il s’agit des tréfonds où passeront les souterrains du nouveau métro mais aussi de terrains en surface. Il faut exproprier pour construire sur une bande de 400 mètres autour des futures gares. En effet le programme immobilier souhaité par la SGP prévoit la construction de logements, bureaux et parkings publics ainsi que plusieurs équipements socioculturels destinés aux futurs habitants des quartiers nés autour des gares. L’idée est de créer un véritable espace de vie et de rencontre autour de la station. Ainsi il est prévu « de construire au total 1,3 million de mètres carrés de bureaux entre Boulogne-Billancourt et Vitry-sur-Seine ».
De nombreux analystes notent que ce projet pharaonique s’inscrit dans une conception de l’urbanisation qui date des trente glorieuses et ne correspond pas à notre monde actuel qui connaît de profondes mutations. Le parc de bureaux existant en Île-de-France est de 52,8 millions de mètres carrés dont 3,9 millions sont vides, et plus de la moitié sont difficiles à louer. Près de 1,2 million sont vacants depuis plus de trois ans selon l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprises. La situation ne peut qu’empirer en raison de la raréfaction de l’emploi et notamment de l’emploi salarié et de l’émergence du télétravail. Une véritable bulle du tertiaire immobilier existe et va être considérablement intensifiée par la spéculation autour du Grand Paris Express.
Cette impression d’opération spéculative est renforcée par le faible intérêt économique réel du Grand Paris Express. En effet l’INSEE, dans une note relative au tissu économique des quartiers de gare de la ligne 15 sud du métro du Grand Paris, démontre que sur le tronçon sud de la ligne 15, seulement 10 % des 140 000 actifs existants auront intérêt à utiliser ce nouvel équipement (parce qu’habitant près d’une gare et travaillant près d’une autre). « Soit, à 4,2 milliards d’euros le coût de construction de ce tronçon, un investissement d’environ 300 000 euros par bénéficiaire potentiel » conclut un économiste1.

Odile Joyeux

1. Philippe Herlin, économiste, a publié un Livre blanc sur le Grand Paris, téléchargeable sur son site. philippeherlin. com

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L’enquête publique sur le projet de création de la partie ouest de la ligne circulaire, dite ligne rouge 15 Ouest « Pont de Sèvres – Saint Denis Pleyel » se tiendra du lundi 21 septembre au jeudi 29 octobre. Elle aura lieu sur les communes de Saint-Cloud, Sèvres, Suresnes, Rueil-Malmaison, Puteaux, Nanterre, Gennevilliers, Courbevoie, Bois-Colombes, Asnières-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, Saint-Ouen.

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