Entre « Issy » Manouchian !

Par ces temps incertains de repli sur soi, de suspicion et de rejet de l’étranger et de l’immigré, revenons sur une grande figure de la résistance à l’occupation nazie, issue de l’immigration, Missak Manouchian.

Appartenant aux FTP MOI, (Francs-Tireurs Partisans de la Main d’œuvre Immigrée), Manouchian, résistant, communiste, arménien et immigré, sacrifiant sa vie pour une idée de la liberté, une idée de la France, est entré enfin au Panthéon, le 21 février 2024, 80 ans après avoir été fusillé au mont Valérien.

Il y entre avec sa femme Mélinée et accompagné symboliquement par ses 23 camarades du procès dit de l’Affiche rouge, eux-mêmes exécutés (plaque portant leurs noms, rivée à l’entrée du caveau).

Cette histoire, magnifiée par « l’Affiche rouge », poème d’Aragon écrit à partir de la lettre d’adieu de Missak Manouchian et mis en musique par Leo Ferré, croise en partie notre territoire du Val de Seine. Entre 1915 et 1917, près de 60 000 rescapés du génocide arménien fuient l’empire Ottoman. Ils arrivent à Marseille. Certains vont à Lyon, Grenoble ou en région parisienne.

L’industrie de la région parisienne est en recherche de main d’œuvre, c’est le cas par exemple des usines Renault, installées sur l’île Seguin, de la cartoucherie Gévelot. Beaucoup d’Arméniens s’établissent alors sur l’île Saint-Germain, à Issy les Moulineaux, dans des terrains vagues, puis dans les Hauts d’Issy, rue de la Défense, avenue Bourgain, boulevard Rodin. Une communauté prend vie autour du Fort d’Issy.

C’est à Issy les Moulineaux aussi qu’on recroise la destinée de certains membres du groupe Manouchian. Célestino Alfonso, républicain espagnol, menuisier, s’installe au 25 rue de la défense (une plaque commémorative en garde le souvenir). Moska (Maurice) Fingercwajg participe au jet d’une grenade sur un détachement de marins allemands, rue du 4 septembre, le 19 juillet 1943.

Enfin un buste de Missak Manouchian rappelle ces évènements, à Issy, Place « Groupe Manouchian ».

Laurent Thibault

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