Faisant suite au POS de 1999, le premier plan local d’urbanisme (PLU) est en cours d’élaboration. Il doit être arrêté lors du Conseil municipal de fin d’année puis soumis à enquête publique. Les élus qui présentent le projet ont adopté une posture défensive, il n’est question que de maintenir l’existant.
Le PLU de Saint-Cloud prévoit tout d’abord de maintenir la population aux alentours de 30 000 habitants. La période 2000/2010 a vu la construction de 85 logements/an et a servi à rattraper le déclin des années 90/99 ; elle a épuisé les rares terrains disponibles. Aujourd’hui, les projets identifiés conduiraient à construire 60,4 logements/an sur 5 ans.
La pénurie de logements
Quid de la pénurie de logements, de l’insupportable montée des prix partiellement due à la rareté de l’offre ? Puisque Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux ont la volonté de densifier, Saint-Cloud a réussi à faire admettre de préserver les coteaux de Seine et ainsi, de limiter son propre effort de construction… et de solidarité ! Bien qu’engagé dans une démarche de développement durable avec son Agenda 21, jamais le maire ou son adjoint à l’urbanisme n’ont expliqué qu’une certaine densification des villes était devenue indispensable.
Concrètement, la ville n’ayant plus aucun terrain disponible est amenée à augmenter légèrement sa zone UA (type centre-ville qui passe de 13,8 % à 16 %) principalement au détriment de la zone UD (pavillonnaire qui se maintient à 51 % suite à certains réajustements). Le principal secteur concerné est le long du boulevard de la République de part et d’autre du pôle commercial Monoprix, il n’affecte pas les entités pavillonnaires mais concerne quelques jolies maisons bourgeoises ce qui provoque des regrets nostalgiques mais permettra d’accueillir des jeunes ménages.
Le potentiel économique et commercial
Le PLU s’engage ensuite à maintenir le potentiel économique (20 000 emplois, 13 000 actifs) et à développer le potentiel commercial. Alors que dans le passé le transfert d’activités a permis de faire 4 ZAC, il ne reste plus que le transfert de l’armée qui libère la caserne Sully dans le bas parc ce qui permettrait de concevoir un périmètre d’anticipation un peu plus large englobant un appendice « no man’s land » du Domaine national. Malheureusement, on ne sent aucune volonté de la ville de sortir cet appendice du Domaine pour envisager ainsi un aménagement complémentaire de la caserne et la création d’une nouvelle entrée du parc digne de ce nom.
Les créations d’emplois sont prévues en zone UF (activités) qui est étendue à presque tout le quai de Seine. Ce sont désormais les résidences qui sont vouées à terme à devenir de l’activité et non plus l’inverse. On sait pourtant que les immeubles de bureaux de ce secteur ont du mal à trouver acquéreurs. La ville est isolée de sa berge, donc du fleuve par ce « mur » d’activités censé protéger le coteau des nuisances de la RD7 (ex VRGS). C’est le contraire des objectifs départementaux de ces 20 dernières années.
Encore des questions
Les projets liés aux autres objectifs (amélioration des transports et circulations, préservation du cadre de vie, etc.) soulèvent encore trois questions :
• La gare du Grand Paris a été annoncée sous la gare centrale en grande profondeur. Est-ce réaliste ? Peut-on encore évoquer un maillage avec le tram T2 et la ligne 10 du métro comme le fait le maire ?
• Le parc de Saint-Cloud entre dans le PLU. Sa partie classée zone UL permet (sous réserve de l’autorisation du Centre des monuments nationaux) des constructions à usage de loisir : n’est-ce pas la porte ouverte au grignotage des espaces verts ?
• Enfin, la qualité se voit dans les détails… : une vigilance accrue sera-t-elle exigée concernant les clôtures végétalisées et la signalétique ?
En conclusion, on peut regretter que ce PLU n’affirme pas plus nettement sa cohérence avec l’intérêt général sectoriel et régional. En période de crise économique et environnementale, on aimerait plus d’audace que de conservatisme, avec une référence claire à la solidarité et à l’écologie.
Annie Tournaud