Les Contrats de Développement Territoriaux (CDT) sont des outils qui nous permettent de nous projeter dans l’avenir. Ils doivent porter des dynamiques territoriales originales afin de favoriser une région composite, multipolaire.
Souvenons-nous de la consultation d’architectes sur le Grand Paris, et exposée en 2009 à la « cité de l’architecture et du patrimoine » du Palais de Tokyo.
Paris « Ville Monde » entendait-on, et ses dix millions d’habitants qui devaient mériter de nouvelles urbanités à la hauteur de cette grande ambition !
Et donc les architectes, Castro, Grumbach, Nouvel, Secchi et bien d’autres… de gamberger sur ces enjeux censés être couplés au fameux projet de boucle de métros souterrains imaginé par le précédent gouvernement, le tout sur fond conflictuel entre l’État et la Région avec son SDRIF figé à l’époque.
Les questions d’un nouveau cadre de coopération entre collectivités, celles du logement, du désenclavement, de la localisation de l’emploi, de l’identification des bassins de vie, ou de nouvelles emprises foncières à trouver sont soulevées parmi bien d’autres…
Elles ont été reprises par la suite dans les travaux de l’Atelier International du Grand Paris (AIGP), créé en 2010, année de la loi pour la Société du Grand Paris et qui définissait les CDT.
Différentes dynamiques territoriales
L’AIGP présidé par Pierre Mansat, comprend un CA à parité avec l’État, les collectivités locales, la Région, le syndicat Paris Métropole… Son directeur animateur est Bertrand Lemoine. Il bénéficie aussi d’un conseil scientifique constitué des quinze équipes d’architectes urbanistes et autres experts, qui émettent des avis sur les différentes dynamiques de Contrats de Développement Territoriaux dont celui de GPSO, afin de « mieux appréhender leurs enjeux les uns par rapport aux autres ».
Des présentations de certains de ces CDT ont été faites par l’AIGP lors de conférences et débats publics au Couvent des Récollets, le siège des architectes IdF. (CROAIF)
Trois cycles de réunions devaient illustrer les dynamiques territoriales adoptées par 9 CDT : « logistique urbaine », autour de Roissy, Achères et Rungis ; « Économies immatérielles » avec La Défense, Saclay et Plaine Commune ; enfin « territoires d’industrie » avec la Vallée de la Bièvre, Marne-la-Vallée et Le Bourget.
Plaine commune, Bièvre, Marne-la-Vallée…
Pour exemples, et succinctement, Plaine commune et « La fabrique de l’image » avec notamment Patrick Braouzec comme animateur, sur un territoire hétérogène et 136 nationalités, avec 400 000 habitants au revenu fiscal parmi les plus faibles de France, développe son cluster « hybride » dédié aux industries de création. Ainsi dans les opérations immobilières d’activités, des quotas de trente à quarante pour cent sont réservés à des plateaux de cinéma, à des micros entreprises artisanales et industrielles, mêlées à des initiatives associatives et qui profitent du foisonnement culturel déjà présent. Préserver les activités industrielles, mixer les fonctions, mixité des populations… Des initiatives nombreuses qui viseraient à construire une dynamique territoriale appuyée sur la non-ségrégation, sur le partage…
Autre CDT, entre Paris et Saclay, la vallée scientifique de la Bièvre, et neuf communes, de Clamart à Châtenay, Sceau, jusqu’au Kremlin-Bicêtre… composent une réalité physique particulière. Des coteaux de Villejuif à ceux de Clamart, la vallée accueille des activités scientifiques depuis la Seconde Guerre mondiale et dédie ce territoire à l’industrie de la santé. « Savoir allier politique de santé et politique d’aménagement du territoire, tel serait l’atout de la VSB ». La santé est prise ici comme axe structurant du développement territorial, mais « n’en résume pas les activités ». Ce CDT constitue un pôle à partir duquel se développe l’ambition économique régionale. Des mots certes, mais le projet, qui date déjà, est compréhensible.
Enfin « production du durable » à Marne-la-Vallée. Ce CDT dispose, à l’ouest, du cluster Descartes autour des écoles, enseignement supérieur, recherche et applications industrielles. À l’Est Disney Land, tourisme et loisirs. Des « villages nature ». Allié à Pierres & Vacances Center Parcs, Disney poursuit l’extension de ses sites touristiques. Des projets écolabellisés d’infrastructures de loisirs et de détente liés ici à la nature avec un paysage qui s’y prête. Concepts exportables selon leurs promoteurs ! Actuellement les 15 millions de visiteurs en font le site le plus visité d’Europe.
Des exemples qui pourraient se poursuivre, mais plus que des projets, ces dynamiques associées aux CDT démontrent une vision.
Gil Leparmentier