L’enquête publique qui s’est déroulée de la mi-juillet à la mi-août est un nouveau jalon d’une histoire riche en rebondissements. Val de Seine vert participe, depuis l’origine, à cette histoire et regrette que le projet proposé aujourd’hui soit aussi tristement banal.
Benoît Doreau, boulonnais, a publié sur YouTube un modèle 3D des bâtiments du projet DBS, qu’il a intégré à Google Earth.
L’association Val de Seine Vert s’est créée en 1992, au moment où Renault quittait Billancourt, pour permettre aux citoyens d’accompagner ce projet de renouvellement urbain. Depuis près de trente ans nous tentons de promouvoir des solutions faisant la part belle à la nature et nous avons obtenu quelques succès, comme l’aménagement du parc sur la partie boulonnaise, le trapèze Renault. Sur l’île Seguin nous avons fait des propositions d’aménagement et combattu des projets délirant comme les cinq tours que voulait édifier Jean Nouvel. En 2015, l’association a signé un protocole d’accord avec la ville. Fruit d’un compromis, les principes de programmation retenus limitaient les dégâts. En 2018, après un an de discussions, cet accord a été validé par la plupart des associations.
Un projet tristement banal
Le projet présenté à l’enquête publique reste dans les volumes définis par l’accord de programmation mais noie le lecteur dans une profusion de documents techniques qui ne permettent pas d’avoir une vue d’ensemble. Les images en trompe l’œil tentent de faire oublier l’aspect massif des constructions et celle que nous publions, en illustration de cet article, a été réalisée par un particulier… Si l’on creuse un peu on se rend compte que le projet n’anticipe pas la réglementation thermique qui s’imposera en 2020, mais se contente des anciens standards. Aucune innovation ne transparaît, les constructions sont massives et banales.
C’est d’autant plus choquant que la crise sanitaire de ces derniers mois a montré les limites des modèles anciens. Les immeubles de bureaux, contestés depuis longtemps pour leur obsolescence programmée, sont aujourd’hui concurrencés par le télétravail. La voiture individuelle est clairement contestée et les 700 places de parking prévues sur l’île apparaissent comme un anachronisme. Les activités logistiques liées au fleuve que nous préconisons sont complètement absentes du projet…
Il ressort du projet proposé une impression de banalité affligeante.
Le monde d’après
La crise sanitaire que nous traversons préfigure d’autres crises, accentuées par des effets dévastateurs du réchauffement climatique. Il faut en tenir compte dans l’aménagement des villes. Ce n’est pas en faisant comme si de rien n’était que nous rendrons nos villes vivables et désirables. Il faut avoir le courage de constater que les projets proposés pour l’île Seguin comme pour l’îlot D5 appartiennent au passé. Ils doivent être révisés en tenant compte de la réalité d’aujourd’hui. Nous avons tous hâte de voir l’île Seguin sortir de la phase chantier mais aussi qu’émerge un projet innovant en phase avec le cadre exceptionnel d’une des plus belles boucles de la Seine. Val de Seine Vert a donc donné un avis défavorable au projet présenté.
Luc Blanchard