À Sèvres, un aménagement urbain destructeur

Le département des Hauts-de-Seine veut réaliser une « promenade » derrière le jardin du directeur de la Manufacture de Sèvres. 66 arbres de haute tige sont menacés.

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Un mur longe la RD910 depuis l’entrée de Sèvres jusqu’à la grille du parc de Saint-Cloud, 300 mètres plus loin. Il s’agit pour les collectivités locales (département et commune) de permettre un accès plus direct du Pont de Sèvres vers Sèvres. Une partie est actuellement flanquée d’un long mur ancien qui suscite la hargne d’élus qui pensent que ce mur, certes un peu gris et marqué par le poids des ans, doit être en grande partie détruit.

Plusieurs dizaines d’arbres de haute tige sont concernées par cet aménagement dans la partie la plus proche du Pont de Sèvres. Or le département a pensé qu’une rampe de 4 % allant du Pont de Sèvres, plus haut, jusqu’à la « promenade » était indispensable. Il faut en effet tenir compte des besoins des personnes à mobilité réduite (PMR) et garantir l’accessibilité, déjà très difficile aux bâtiments publics actuels.

Cette rampe ne peut être plus pentue, selon les normes d’accessibilité, et va se terminer plusieurs dizaines de mètres à l’intérieur du jardin, sur la Promenade, et le remblai nécessaire étouffe les nombreux arbres présents.

Le sacrifice du vivant

Les arbres sont un îlot de fraîcheur incontestable. En période de canicule, aller sous les ombrages de ce petit bois est un soulagement. Mais ceux-ci sont toujours menacés par le conseil départemental au nom d’un équilibre nécessaire entre besoins « humains » et préservation de l’environnement. La simple vision sur Boulogne depuis cet îlot permet de constater le fameux équilibre où les immeubles de bonne hauteur le disputent au bitume asphalté.

Ajoutons que le département ne sait pas faire de travaux sans s’attaquer à tout ce qui est vivant autour de ses projets. Beaucoup d’arbres pourraient être sacrifiés car gênant les travaux mais n’étant pas compris dans le périmètre de la Promenade. Val de Seine Vert est mobilisée, notamment avec Environnement 92.

Une première réunion de concertation avec la Mairie de Sèvres a eu lieu le mardi 20 octobre, elle ne laisse rien présager de bon.

VDSV

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Une amorce de concertation

La ville de Sèvres, prenant la mesure de l’opposition à l’abattage des arbres, a organisé une première réunion de concertation. L’état des lieux n’est pas encourageant.

Le maire de Sèvres, Grégoire de la Roncière et son adjointe à l’environnement, Pascale Flamant, ont réuni le 20 octobre les associations de défense de l’environnement et Thomas Sansonetti, chef de service de maîtrise d’ouvrage du département des Hauts-de-Seine. L’objectif était de trouver le moyen de sauver les arbres qui bordent la Cité de la céramique.

Grégoire de la Roncière introduisit la réunion en affirmant que les élus sévriens souhaitent en finir avec le caractère autoroutier de l’entrée de Sèvres. L’aménagement de la Promenade des jardins constitue un des éléments de cette requalification qui, à terme, doit également concerner l’échangeur du Pont de Sèvres. Cette nouvelle donne, pensée pour les piétons et les cyclistes, « n’est pas négociable » affirma-t-il avec force avant de passer la parole au technicien du département. Celui-ci expliqua que le projet contesté permettait de créer une pente plus douce, accessible aux personnes à mobilité réduite (PMR), mais que le département avait étudié une autre solution. Elle consiste à créer une rampe d’une centaine de mètres permettant aux PMR de rejoindre l’entrée de la promenade. Cette proposition alternative présente l’avantage de conserver la majeure partie des arbres mais c’est une modification très substantielle qui nécessite de reprendre le dossier à zéro. L’architecte des bâtiments de France et l’inspectrice des sites, à qui le projet de rampe a été présenté, n’y sont pas favorables. Autant dire que cette alternative reste très théorique.

Nos propositions

Une autre solution, consistant à installer un ascenseur, avait été proposée par les associations. Elle a été écartée par le département qui considère que les ascenseurs peuvent tomber en panne et ne sont donc pas fiables ! Un argument étrange car des ascenseurs viennent d’être installés dans deux gares sévriennes. Dans le cas des gares il est dit que si les ascenseurs sont régulièrement entretenus la fiabilité ne pose pas de problème. Alors, deux poids, deux mesures ?

On l’aura compris la mobilisation des associations pour sauver les arbres n’a pas encore permis de débloquer la situation. Nous avons toutefois obtenu que les travaux impactant le massif boisé soient repoussés à l’été 2021, ce qui nous laisse le temps d’amplifier la mobilisation.

LB

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