La Seine, par son écosystème fluvial est un régulateur de la température, elle atténue les effets du réchauffement climatique. Il importe de veiller à ce que les rejets de l’usine de traitement des déchets, Isséane, ne compromettent pas ce fragile équilibre.
Veiller à la santé de l’écosystème fluvial est essentiel, lutter contre la création d’ilots de chaleur sur le fleuve, pour ne pas réduire son rôle de couloir de ventilation est indispensable pour le climat urbain.
La température de l’eau prélevée dans la Seine varie suivant les saisons de 11 à 25 degrés. Alors que l’état de nos rivières est en constante amélioration dans le Bassin Seine Normandie, deux types de désordres affectent cependant les masses d’eau de notre territoire.
Isséane, usine de traitement et de valorisation des déchets urbains gérée par le Syctom, située à
Issy-les-Moulineaux, malgré tout le sérieux de sa gestion, participe pour une part à ces désordres écologiques.
Rejets en Seine
Il s’agit d’une part du rejet accidentel de métaux sous forme liquide et d’autre part de la température élevée des effluents d’eau rejetés par l’usine.
Pour les rejets liquides, le site dispose de deux circuits distincts : le réseau d’assainissement des eaux usées industrielles, envoyées à la station d’épuration d’Achères à 35 km en aval de Paris, et le rejet en Seine. Ce dernier concerne l’eau de Seine utilisée pour le circuit de refroidissement du Groupe turbo alternateur (GTA). Cette eau est nommée « eau de circulation ».
Concernant le circuit des eaux usées industrielles, il a été constaté six dépassements pour le paramètre «aluminium + fer» avec des concentrations comprises entre 5,6 et 12,7 mg/l pour une valeur limite de 5mg. Ces dépassements sont dus au mauvais fonctionnement du décanteur de la station.
L’eau de circulation rejetée dans la Seine, en période estivale, subit un traitement de chloration pour éviter le développement d’organismes (type algues et mollusques) dans le réseau de tubes de l’échangeur de refroidissement. Le volume rejeté en Seine s’élève à 79 356 281 m3 en 2022. Il est égal au volume prélevé pour le circuit de refroidissement. Ce volume est stable par rapport à 2021. Aucun dépassement du seuil de rejet journalier n’a été constaté en 2022.
Les rejets liquides oscillent entre une température de 17,82° et de 33,22. C’est en permanence une température supérieure au niveau le plus haut de la température du fleuve. Les pics interviennent pendant la période estivale, c’est pourquoi il n’est pas possible d’utiliser ces masses d’eau chaude
pour le chauffage urbain.
Si les conséquences de la hausse de la température de l’eau sont difficilement quantifiables, on constate néanmoins une augmentation du nombre de tortues dans l’île
Saint-Germain, ce qui est un marqueur d’un début de déséquilibre de la faune aquatique.
Avec le tri obligatoire des déchets alimentaires en janvier 2024, le tonnage des déchets urbains diminuera et on peut espérer une limitation du tonnage des rejets en Seine et au réseau d’assainissement.
Christiane Bernard