Les gares du Grand Paris Express sont plus que de simples stations, elles sont d’abord des pôles multimodaux à l’échelle de la Métropole. D’où l’importance, surtout pour un projet de cette ampleur, de faire bien plus que le seul minimum pour la conception des espaces architecturaux et leur relation à l’environnement bâti. La gare n’est pas isolée, comme le serait une émergence incongrue venant du sous-sol, mais gare et environnement urbain restent indissociables : on ne peut construire la ville de demain par une simple juxtaposition hétéroclite et le plus souvent sans charme. Il est des lieux dont on peut tirer parti sans avoir besoin de les reconstruire, en mettant en valeur la qualité de l’existant.
À Pont de Sèvres, la salle principale d’échanges doit se situer le long de la montée venant du Quai Georges Gorse (prolongée par une passerelle vers la cité musicale), mais le deuxième accès débouchera directement devant Square Com Renault. Cette belle réalisation inachevée de Vasconi est menacée, à tel point que le ministre de la culture en 2011, Frédéric Mitterrand, a signé une instance de classement, et que la famille de Vasconi, rejointe par de grands noms de l’architecture, a lancé une pétition. Mieux que de faire une simple bouche de métro ignorant le bâtiment de Vasconi, on pourrait la déplacer à l’intérieur de celui-ci, tout en veillant à une intégration architecturale plus agréable et mieux réussie que pour les débouchés du RER au rez-de-chaussée de certains immeubles parisiens. Il serait alors possible de donner au reste du bâtiment une nouvelle fonction s’harmonisant avec ces espaces dédiés au transport et tirant parti de leur présence.
Bien peu de chose a été conservé de la mémoire industrielle du site Renault : au moins pourrait-on ne pas sacrifier cet ultime bâtiment. Rappelons que Vasconi est l’architecte qui a conçu la partie du forum des Halles s’ouvrant sur une cour à l’air libre (en cours de réhabilitation par David Mangin – qui n’a pu de son côté réaliser le puits de lumière accédant directement aux quais depuis la salle d’échanges), ainsi que le réaménagement de la gare centrale d’Amiens et de sa place.
Lionel Favier