L’incendie de Notre-Dame de Paris est un drame pour les catholiques certes, mais aussi pour tous les Français et tous les citoyens du monde attachés au patrimoine et à la mémoire. L’afflux des dons permettra, sans nul doute, de redonner vie à cette institution ouverte sur autrui et sur le monde. L’émotion suscitée par cet événement est compréhensible. Seulement, elle ne doit pas être sans lendemain au regard du nécessaire respect de notre patrimoine mémoriel quotidien.
Ce dernier revêt des formes les plus multiples : arbres cinquantenaires plantés le long d’une chaussée, bâtiments scolaires datant de 1914, kiosque à musique édifié au début du xixe siècle, cité-jardin faisant partie du projet d’aménagement du Grand Paris de 1919, maison du peuple construite de 1935 à 1939, perspective paysagère… Cette liste, très variée et très fournie dans les Hauts-de-Seine, s’amenuise d’année en année par la volonté d’élus locaux voulant marquer de leur empreinte d’aménageur leur territoire, ou cédant aux pressions de lobbys les plus variés ou encore obéissant à des directives gouvernementales et administratives de courte vue. Des citoyens et des associations se battent de leur côté pour essayer de la préserver ; c’est un combat de tous les instants et de toutes les vigilances.
Ainsi, dans le dernier éditorial d’Écho Val de Seine, un appel était formulé au futur aménageur de la partie centrale de l’île Seguin, le groupe Bolloré, pour qu’il respecte les termes de l’accord conclu à la suite de la médiation lancée par le président du tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Si cette invitation avait été lancée, c’est que nous avions des doutes sur sa volonté de réellement prendre en compte les dispositions de la transaction tant en terme architectural que de prise en compte de la mémoire du passé industriel de l’île. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous avons toujours voulu des règles valables pour tous et non pour un projet en particulier, contrairement à d’autres. Le départ annoncé début avril du groupe Bolloré montre la justesse de cette approche. Et à nouveau se posent les mêmes questions, depuis des dizaines d’années, qui va aménager cet espace, pourquoi et comment ?
De plus, le traumatisme de la catastrophe de Notre-Dame doit être pris en compte. En permettant que la notion de patrimoine, entendue dans toutes ses acceptions, soit respectée dans tous projets d’aménagements.
Alain Mathioudakis