Pour une autre politique de l’eau

A l’heure où les inondations sévissent dans la région de Montpellier,  la position de Vincent Gazeilles, conseiller général écologiste des Hauts-de-seine, s’opposant à la construction d’un bassin de stockage d’eaux pluviales est intéressante à connaître.

Toiture de la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris

VSV : Le Conseil général des Hauts de Seine a engagé une opération de bassin de stockage d’eaux usées sous le stade Gabriel Péri à Issy-les-Moulineaux. Vous avez été le seul à voter contre ce projet. Pourquoi ?

Vincent Gazeilles : Ce projet de bassin souterrain de 23000 m3 vise à éviter les débordements des réseaux d’égouts en cas d’orage important. Cela semble utile mais, en réalité, ce n’est pas agir au bon endroit. Dans les faits, nous nous trouvons face à des eaux pluviales venues de l’amont qui se mélangent à toutes les eaux sales du réseau unitaire. Cette eau de pluie souillée en quantité colossale est inutilisable. Elle sera stockée temporairement, puis pompée, puis renvoyée dans les réseaux d’assainissement jusqu’aux usines du SIAAP qui n’ont nullement besoin de ces rejets hautement dilués.

Je précise que le système de pompage fonctionnera en permanence, pour vider le bassin, même hors période d’orage, ce qui générera une consommation électrique inutile et coûteuse.

VSV : Que faudrait-il faire ?

Il faudrait gérer au mieux l’eau de pluie là où elle tombe. C’est d’ailleurs la démarche théorique souhaitée par le Conseil général dans son règlement d’assainissement et c’est exactement l’inverse de ce qui sera réalisé !

Concrètement, il faut travailler très en amont pour stocker l’eau pluviale dans des bassins, réservoirs ou citernes dédiés à l’eau de pluie. Au travers d’un système à double compartiment, cette eau peut être stockée pour une autoconsommation locale à destination des WC, des laves linges, de l’arrosage etc. (ce que les règlements sanitaires autorisent en France depuis quelques années). En sortie de ce premier compartiment, l’eau de pluie en trop grande quantité doit être infiltrée au maximum quand c’est possible tout en créant un effet retard vers le réseau pour éviter l’engorgement nuisible des collecteurs d’assainissement.

VSV : Mais cette technique plus écologique est coûteuse.

Rien n’est gratuit effectivement. Je précise simplement que le prix de ce méga réservoir est de près de 30 millions d’euros ! Utilisée différemment, cette somme aurait permis de développer massivement ces systèmes de gestion locale de l’eau de pluie avec à la clé un triple résultat :

–        une limitation des inondations,

–        des économies d’eau pour les ménages et les bâtiments publics,

–        des centaines d’emplois locaux et non délocalisables associés à cette économie verte.

Nous ratons là encore une belle occasion de faire rimer écologie et emploi.

VSV : Pourquoi ce projet alternatif n’a t-il pas été retenu ?

Sans doute d’abord parce qu’il n’a pas été étudié ! Il faut bien comprendre que, même pour des projets très importants comme celui-ci, aucune commission de travail impliquant l’ensemble des élus n’a lieu. Et je ne parle pas d’ouverture vers des associations dont les compétences sont parfois grandes. Non, cela se décide et se prépare en tout petit comité, à la demande d’un maire influent par exemple… Lorsque le vote de la délibération arrive, tout est déjà décidé pour le meilleur et, trop souvent pour le pire.

 

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