On peut être d’accord ou pas avec les projets ambitieux de restructuration du site dit « Léon Blum », mais les conclusions du commissaire enquêteur touchent à quelque chose de plus fondamental : la qualité, la transparence voire plus insidieusement la vérité des informations données aux citoyens, électeurs, résidents.
Rappelons que ce site concerne un programme qui s’étend sur 17,4 hectares, avec une perspective de 1 500 logements (dont 25 % de logements sociaux), 3 500 m2 de commerces, 28 000 m2 de bureaux, 800 m2 d’équipements publics, c’est dire qu’il concerne la vie quotidienne d’une part importante des Isséens résidents ou travailleurs. Les conclusions du commissaire enquêteur sont sans appel : elles « sont défavorables à la déclaration d’utilité publique du projet d’aménagement de la ZAC Léon Blum ».
Quelles sont les raisons qui peuvent motiver une position (rare) aussi tranchée ? Plusieurs domaines sont concernés :
1. Le manque de clarté dans les informations présentées qui rend celles-ci peu intelligibles pour le public, point confirmé par l’Autorité environnementale.
2. L’absence d’informations fondamentales sur un sujet très sensible : « L’aménagement du 135 avenue de Verdun, qui doit accueillir une salle de prière et un complexe culturel musulman, objet de 41 observations sur les registres d’enquête, n’est même pas mentionné […] Le coût du montage financier de la réalisation du centre musulman (135 avenue de Verdun) n’est pas indiqué, ce qui entraîne des rumeurs ».
3. Les « erreurs » ou plus précisément « l’absence de sincérité » :
Dans sa synthèse, le commissaire enquêteur précise :
• « Le maître d’ouvrage justifie le besoin de cet équipement (la salle de prière) et explique que sa programmation n’était pas arrêtée lors du dépôt du dossier d’enquête auprès du Préfet. Ce qui est faux puisque le projet de lancement de l’enquête parcellaire en vue de l’acquisition des terrains de l’îlot B a été approuvé au même conseil municipal que l’introduction de la salle de prière dans la ZAC, le 29 novembre 2017.
L’absence dans le dossier de ce projet majeur dans le programme actualisé (il n’était pas connu lors de l’enquête de 2015) de la ZAC, alors qu’il aurait pu y être, rend le dossier d’enquête non sincère. »
• Une évaluation contestable de la notion de « vétuste, dégradé, obsolète » concernant certains bâtiments destinés à être démolis.
• La non prise en compte des aspects environnementaux : « La préservation et le renforcement des qualités paysagères du site, bien que souvent mentionnés, n’apparaissent pas réellement dans le projet. »
Dans son avis, l’Autorité environnementale fait part de l’importance de la nature et du paysage dans le projet. « Elle juge ce domaine négligé dans le dossier… Le commissaire enquêteur a remarqué lors de l’enquête publique l’absence d’associations environnementales qui, dans ce type d’opération, sont les seules à réellement pouvoir suivre l’élaboration d’un tel projet et être un relais de la population à un niveau non uniquement d’information mais de participation. »
4. Le non-respect sans explication du PLU sur la zone du chemin des Vignes et des serres municipales.
5. Négligences ? : « En revanche, la hauteur maximum des constructions annoncée au public, soit 50 m, a été modifiée par la suite passant à 80 m. »
Ces quelques points soulignés interrogent sur la relation avec nos élus. L’électeur serait-il vu comme incapable de comprendre les raisons et le bien-fondé de certaines décisions, de lire et d’évaluer un texte qui concerne une part non négligeable de sa vie quotidienne ? Pourtant, les désaccords peuvent se diluer dans le dialogue, à condition de l’ouvrir.
Nicole Matrand
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La mosquée en question,réunion publique du 16 octobre 2018
« Débattez de l’avenir du quartier Léon-Blum » tel était l’intitulé de l’invitation. Mais après une très longue introduction du maire-adjoint, Thierry Lefèvre, le débat s’est essentiellement centré sur la création d’un « centre culturel islamique », en fait le transfert de la mosquée actuelle du 105 de l’avenue de Verdun au 135. Les opposants se sont exprimés avec une certaine violence, tandis que les représentants de la communauté musulmane faisaient preuve de fermeté dans la retenue.
Des questions ont été posées quant aux conclusions du commissaire enquêteur. Les représentants de la mairie ont alors mis en cause l’objectivité et l’impartialité de ce dernier. Ce qui a engendré des réactions et susciter un malaise parmi les auditeurs. Si la location de ce lieu financé par la ville se fera par un bail emphytéotique comme le veut la loi de 1905, des interrogations ont été posées quant à la répartition des places au sein de la mosquée : 800 pour les hommes, 200 pour les femmes, mais surtout l’annonce de deux bibliothèques séparées : une pour les femmes et une pour les hommes, a suscité un certain émoi.
Malgré la présence de l’architecte, aucune image n’a été présentée.