Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts d’Issy et de Sèvres depuis 2005, quand la lettre du Val de Seine Vert délivrait un message d’espoir. « Apaiser la RD 7, délivrer le Val de Seine de la pieuvre automobile : les transports en commun le peuvent ». C’était l’époque où le Conseil général relançait la procédure d’une RD 7 à 4 voies partout, du pont de Sèvres au périphérique, après l’abandon du projet de 1999 mal accueilli. Il revenait à la charge en accolant à son projet routier un projet d’espace vert linéaire le long des berges. Deux ans après, mi 2007, décelant une faiblesse juridique, il repartait une nouvelle fois à zéro, sous le nom de campagne : « Vallée Rive Gauche » pour mieux masquer son idée fixe : faire rouler toujours plus de voitures dans les Hauts de Seine. Le collectif d’associations hostiles n’a pas été dupe. La concertation puis l’enquête publique ont livré un message sans ambiguïté : pas (ou plus) de 4 voies, pas de promenades minéralisées. Comme chacun sait, le Conseil général n’en a tenu aucun compte.
S’appuyant sur les projets immobiliers de nos maires en vallée de Seine pour justifier l’augmentation de capacité routière et le ripolinage des berges, il a convaincu le préfet de signer. Pourtant le trafic routier baissait de 2 % par an depuis 2000, le public se ruait dans le tramway T2, la ville de Paris annonçait la fermeture de ses voies sur berge, la Région triplait le budget des transports en commun et l’État surenchérissait en promettant son réseau de transport du Grand Paris. Rien n’a ébranlé l’arrogante détermination du président du Conseil général. Les recours contentieux évidemment se sont succédé.
Aujourd’hui, c’est le grand bazar des chantiers
Les travaux qui ont commencé devant Isséane (quai Roosevelt) ont été présentés comme le vrai début des travaux routiers. Ils se dérouleront de l’amont vers l’aval sur 4 ans. Avant, nous dit-on, il ne s’agissait que de travaux préparatoires, provisoires ou de mise en sécurité (place de la Résistance, quai de Stalingrad), ou de travaux indépendants (pont-rail du T2, carrefour de Vaugirard). Ses nuisances sont restées discrètes à ce jour.
En revanche un autre chantier avait été ouvert peu avant sans préavis alors qu’il allait créer des désordres sans précédent rue Henri Savignac. Cette voie résidentielle très étroite, habituellement interdite aux camions, a dû supporter tous le trafic remontant de la RD7 pendant 10 jours. De façon encore plus scandaleuse, l’élargissement fou du carrefour de Vaugirard, commencé en septembre 2012 pour durer 8 mois, fait subir mille misères aux piétons, alors que c’est le chemin de l’école.
Plus récemment, un autre chantier de réseau a ouvert, celui d’une grosse conduite de transport de gaz. On nous promet un chantier vert et HQE. En attendant, d’horribles palissades limitent l’accès à une large portion du chemin de halage, isolent des péniches et ceinturent notre si accueillante place Bergeyre.
La parole au tribunal administratif
L’accélération des chantiers ne veut pas dire que le Conseil général va réussir son coup de force. Le tribunal administratif ne s’est pas encore prononcé.
Les deux arrêtés signés par le préfet fin 2010 — autorisation des travaux hydrauliques et déclaration d’utilité publique ouvrant l’expropriation — sont l’objet de 3 recours connus :
– par une trentaine de personnes du collectif du Val de Seine (celui qui organise la fête des Guinguettes place Bergeyre) pour demander l’annulation de chaque arrêté a été demandée
– par une copropriété riveraine à Sèvres pour contester l’expropriation d’une partie de son parking. Après de multiples reports, les clôtures d’instruction des 3 recours ont convergé le 28 décembre 2012, date reportée au 15 janvier 2013, puis semble-t-il – au 15 février. Il est probable que les 3 recours ne devraient plus tarder à être appelés ensemble à une même audience. Les échanges de mémoires se sont succédé. Notre dossier est solide mais le préfet et surtout le conseil général ne reculent pas devant les frais.
Daniel Mouranche