Avec son catalogue de mesures indicatives, le Plan climat présenté par Nicolas Hulot, désormais ministre, semble méconnaître l’urgence climatique dans laquelle nous vivons.
Le 14 mai dernier, Emmanuel Macron était élu président de la République. Son accession à la fonction politique suprême est marquée par le triple sceau de la jeunesse, du renouvellement et de l’arrivée en politique de nombre de non politiques, dont notamment Nicolas Hulot, son ministre de la transition écologique et solidaire. Au terme des cinq prochaines années, chacun sera libre de dresser le bilan de son mandat.
L’accord de Paris
Néanmoins, sans attendre ce laps de temps, le plan climat présenté par le ministre Hulot le 6 juillet peut déjà être soumis à une analyse. Ce document de travail répond-il à l’urgence exprimée en 2002 par Jacques Chirac « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ?
Ce schéma, avec ses 6 thèmes majeurs et ses 23 axes de travail, vise à prôner l’irréversibilité de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, adopté en décembre 2015, en s’engageant vers la neutralité carbone et en mobilisant le potentiel des écosystèmes et de l’agriculture. Les sujets énoncés sont variés et intéressants, notamment « Rendre la mobilité propre accessible à tous et développer l’innovation » ou encore « Permettre à tous de consommer de manière responsable et solidaire ».
Un programme, colonne vertébrale
Seulement, leur développement laisse comme un goût d’inachevé. Ainsi l’axe 5 intitulé « Travailler au cœur des territoires » est ainsi rédigé : « L’État contractualisera avec les territoires qui ont témoigné de leur forte volonté de se mobiliser pour la transition énergétique pour leur donner les moyens de contribuer aux objectifs nationaux et à la création nette d’emplois. ». C’est bien mais concrètement cela signifie quoi ? Nicolas Hulot a bien eu conscience de cette faiblesse puisqu’il a indiqué que ce programme « n’était pas une fin en soi, ce n’est qu’une colonne vertébrale ».
Venant de l’auteur du « Syndrome du Titanic » et du lanceur de l’appel « Osons », cet argument est audible mais peu satisfaisant d’autant plus que l’objectif majeur, celui de limiter les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la “neutralité carbone” est fixé à 2050 !
Pour contre-balancer cette impression négative, relevons qu’une stratégie nationale visant à mettre fin à l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation, responsable de plus de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, doit être mise en œuvre dès mars 2018.
À relever également à côté de mesures institutionnelles comme la transformation du Conseil économique, social et environnemental en Chambre du futur, que le rôle des forêts françaises est affirmé afin d’amplifier leur rôle central dans le stockage du carbone.
Alors, après le Grenelle de l’environnement et bien d’autres plans, espérons que des mesures concrètes seront vite prises, bousculant tous les lobbys et les inerties administratives. À titre de comparaison, la Chancelière allemande Angela Merkel avait annoncé, en 2011, la sortie définitive de son pays du nucléaire d’ici 2022.
VDSV
Pour vous faire votre propre opinion découvrez le plan sur : https ://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/plan-climat