Une commission qui fait du bon boulot depuis 1897… c’est un modèle. Nous suivons les travaux de la Commission du Vieux Paris et, ces derniers mois, nous nous sommes inquiétés pour elle. Aujourd’hui l’on sait qu’elle continue et c’est heureux. souhaitons que ce modèle arrive jusqu’à nous et s’élargisse au patrimoine naturel.
La Commission du Vieux Paris (CVP) n’est pas vraiment connue du grand public. C’est pourtant entre ses mains que passent toutes les demandes de permis de construire et de démolir de la capitale depuis… 1897. Avec l’élection d’Anne Hidalgo à la Mairie de Paris la commission a mis un certain temps à renouveler sa composition (40 personnes qualifiées et 15 conseillers de Paris), ce qui a engendré une vive inquiétude des défenseurs du patrimoine. La nouvelle élue souhaitait en effet plus de latitude pour la construction et la démolition des bâtiments parisiens… Les menaces pesant sur sa composition et sur sa visibilité semblent aujourd’hui levées. La vague de protestations a porté ses fruits.
La publication des délibérations est essentielle
Les employés de la Commission (constitués de salariés de la Ville de Paris) ont continué à étudier les dossiers et à transmettre leurs observations à la mairie, mais ces dernières n’étaient plus rendues publiques. Or ce qui fait l’influence de la Commission du Vieux Paris (même si son avis n’est que consultatif), c’est bien la publicité de ses délibérations. Les associations de défense du patrimoine ont en effet pris l’habitude de s’appuyer sur les recommandations de la CVP pour contester tel ou tel projet. Chacun doit reconnaître que la Commission s’est acquittée de sa mission avec professionnalisme et indépendance. Ses avis ont toujours fait autorité puisque provenant de personnalités incontestables, compétentes, pluralistes et reconnues. Au-delà de cet épisode parisien, une idée nous semble intéressante à retenir.
… Et dans les Hauts-de-Seine ?… Une commission des Patrimoines ?…
Il n’existe pas dans les Hauts-de-Seine ni au sein des intercommunalités de structure paritaire du type de la Commission du Vieux Paris. Pourquoi ne pas en mettre sur nos territoires ? Lieu d’expertise patrimoniale du bâti et des paysages, cette structure pourrait enrichir les débats sur les questions contemporaines d’urbanisme.
Au-delà des membres désignés par chaque intercommunalité, des personnalités qualifiées compléteraient la nouvelle structure. Les membres, choisis dans un souci de parité femmes/hommes seraient des personnalités reconnues pour leurs compétences et pour leur engagement dans la promotion des patrimoines et de l’architecture. Celle-ci pourrait devenir un lieu d’expertise patrimoniale du bâti et des paysages alto-séquanais. Accompagner l’évolution de nos villes et donc prévenir de nombreux conflits.
N’ayons pas peur que les débats de cette structure soient publics et viennent nourrir et féconder la doctrine patrimoniale de telle ou telle commune ! Lors des séances de la CVP, l’affluence du public – jeunes, étudiants ou professionnels du patrimoine – est le signe de l’intérêt des Parisiens pour une institution qu’ils se sont appropriés. Un débat annuel pourrait être organisé sur les travaux de cette commission. Ainsi rendrait-on plus visibles, plus transparents, les choix architecturaux et urbanistiques de notre territoire.
Et on inscrirait mieux notre patrimoine bâti et naturel (ou ce qu’il en reste…) dans la mémoire collective.
Antoine Monnet