Les « fils de pub » à la manœuvre

L’intercommunalité Grand Paris Seine Ouest s’est lancée dans l’élaboration d’un règlement local de publicité intercommunal. Les associations (2 participants) et les entreprises (9 participants : Decaux, Insert, Clear Channel, Canalpub, Extenrionmedia, Meditransports…) étaient conviées à une réunion de travail, sous la direction de Jean-Jacques Guillet, vice-président de GPSO et maire de Chaville.

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En matière de publicité, une certaine harmonisation est recherchée sur le territoire. Le conseil territorial a fixé les orientations le 21 décembre dernier, une enquête publique aura lieu à partir de juillet 2018 et la mise en œuvre est attendue pour début 2019. Jean-Jacques Guillet précise que le respect de ce calendrier serré est impératif car GPSO devra lancer, courant 2018, la procédure de mise en concurrence pour le prochain contrat de mobiliers urbains. Une consultation est aussi ouverte en ligne sur le site de GPSO.

Dans le langage publicitaire, on ne parle pas de « pub » mais d’« outils de communication extérieure » et les commerciaux sont certains que l’activité économique est proportionnelle à la taille et au nombre des dispositifs. Comprenant qu’ils ne sauveront pas les panneaux de 12 m2, ils négocient de la publicité lumineuse et numérique, de plus petite taille, sachant que son impact est dix fois plus fort que le simple papier. Ils cherchent aussi à faire assouplir les dispositions interdisant l’affichage près des lieux patrimoniaux.

On apprend que moult réunions ont lieu hors de la présence d’associations de l’environnement. Ils ont manifestement l’habitude de travailler seuls entre professionnels et institutionnels, et le représentant de Val de Seine Vert, contestant les analyses des « fils de pub » se voit demander par ceux-ci avec insistance quelle est sa légitimité à assister à la réunion. La directrice juridique de l’Union de la publicité extérieure se soucie d’abord de permettre à ce que la disparition des panneaux de 12 m2, prévue par la loi au profit maximal de 8 m2, soit comptabilisée sans l’encadrement, ce qui permet de planter des panneaux dont la surface totale approche au moins les 10 m2.

Par ailleurs, les Jeux Olympiques vont rendre cruciale la question des bâches publicitaires temporaires. Elles peuvent être d’énormes dimensions. La pression des annonceurs va être maximale.

La situation actuelle

Une part importante du territoire étant interdite de publicité : Marnes-la-Coquette, Chaville, Ville d’Avray et Sèvres sont peu, voire très peu, impactées par la publicité, elles sont dotées de règlements assez restrictifs et bénéficient maintenant de la protection du périmètre délimité d’abords de Versailles-Trianon (s’étendant sur plus de 5 000 mètres).

Pour la publicité sur le domaine privé et ferroviaire (hors quais des gares) : Marnes-la-Coquette et Ville d’Avray, sans publicité ou presque ; Sèvres, Vanves et Chaville, une douzaine de dispositifs ; Meudon, une quinzaine de dispositifs essentiellement sur le domaine ferroviaire ; Issy les Moulineaux, une quarantaine de dispositifs ; Boulogne-Billancourt, près de 80 dispositifs. Soit un total de l’ordre de 170 dispositifs de 8 et 12 m².

Pollution géante sur la Seine

L’écran géant de 800 men extérieur de La Seine musicale continue d’afficher des publicités de 11 heures du matin à 11 heures du soir. La luminosité de cet écran est perçue à 3 kilomètres par des riverains d’Issy-les-Moulineaux. Il diffuse en continu des publicités en dehors de toute légalité.

Pollution visuelle, pollution lumineuse (l’impact écologique de la pollution lumineuse est de plus en plus reconnu et intégré dans les politiques publiques ; la ville d’Olsztyn (Pologne) a décidé d’éteindre sa plus grande tour après avoir constaté qu’elle perturbait la migration des oiseaux. Les insectes nocturnes sont notamment attirés par les lumières et meurent d’épuisement) et illégalité, car ce dispositif est en dehors de toute réglementation.

L’architecte de La Seine musicale, Shigeru Ban, confiait « C’est vrai. Contrairement à la plupart des musées, pensés comme des boîtes noires, les bâtiments publics que je conçois sont toujours connectés à la ville. Les gens doivent s’y sentir invités. C’est pour cela que j’ai imaginé cette baie vitrée, qui bascule de façon à ce que l’esplanade se poursuive à l’intérieur du bâtiment. Pour la même raison, j’ai fait installer sur la façade un écran géant sur lequel j’espère que les concerts seront retransmis. » En fait de retransmissions des spectacles, la Fnac, Renault et Coca-Cola notamment déroulent leurs pubs.

Des riverains ont lancé une pétition sur change.org. www.change.org/p/pollution-ecran-seine-musicale. Val de Seine Vert s’y associe et se réserve la possibilité de déposer un mémoire au tribunal administratif si le maire de Boulogne-Billancourt, président de GPSO, n’usait pas de ses pouvoirs de police.

Frédéric Puzin

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