Le chauffage au bois,  une fausse bonne idée

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En Ile-de-France, le bois représente 5 % de l’énergie utilisée pour le chauffage. 200 000 ménages l’utilisent tous les jours et 600 000 l’utilisent pour une flambée d’agrément (ADEME 2015). Première énergie utilisée jusqu’au xviiie siècle, et actuellement première énergie renouvelable au monde selon l’Agence Internationale de l’Energie, elle est issue de la forêt métropolitaine qui s’étend sur 17 millions d’hectares soit 27 % de l’hexagone. Le chauffage au bois est encouragé par les collectivités territoriales, État, Régions et agences de l’énergie. Évaluons ses impacts environnementaux.

Le bois est-il une énergie renouvelable ?

Une énergie est dite renouvelable quand la quantité d’énergie consommée se renouvelle à l’identique au bout d’un temps relativement court à l’échelle humaine, quelques années à quelques dizaines d’années. Pour une combustion, le gaz carbonique (CO2) libéré est à nouveau capté par la source renouvelable, ici le bois. La reconstitution à l’identique d’un espace boisé coupé pour le chauffage est étudiée par des laboratoires de l’INRA et la Commission environnement de l’Union européenne. Les scientifiques montrent que le temps de renouvellement forestier est trop long et devient aléatoire en raison des changements climatiques. Outre cela, la disparition des forêts sur la planète s’accélère. Selon le dernier rapport 2016 de la FAO, 12 à 15 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année, soit la surface de la Belgique. Or, forêts et océans sont les deux grands capteurs de CO2 (puits de carbone). Avec le réchauffement climatique, les eaux captent moins de CO2 et les forêts en disparaissant moins aussi. En définitive, le bois se renouvelle mais son utilisation est trop massive pour qu’il soit reconstitué à l’identique rapidement.

Le chauffage industriel au bois se développe

Plus de cent projets et réalisations de centrales de chauffe au bois sont en cours en Ile-de-France, telles celle de Roissy-Charles de Gaulle (30 000 tonnes/an), Sevran (25 000 t/an), Saint-Denis (48 000 t/an)… La production francilienne et celle des régions périphériques ne suffiront pas et il faudra importer du bois d’Afrique, d’Amérique du sud, du Canada, de Finlande ce qui amplifiera la déforestation de la planète.

Le chauffage au bois dégrade la qualité de l’air

Selon AIRPARIF, l’observatoire indépendant de la qualité de l’air, ce mode de chauffage est responsable de 88 % des particules émises par le secteur résidentiel. Ces particules et celles issues des autres secteurs économiques : transports, industries, agriculture, sont responsables en France de 48 000 décès anticipés selon l’OMS. Ceci se traduit pour notre région par plus de 10 000 décès prématurés, mais aussi par une recrudescence des pathologies respiratoires (bronchites, bronchopneumonies chroniques obstructives, asthmes, cancers pulmonaires) et cardiovasculaires (ischémies vasculaires et cardiaques). En termes financiers, un rapport sénatorial de 2015 (Husson-Aichi n° 610) fait état d’un coût pour la collectivité d’environ 1 500 euros par citoyen et par an, soit 67-90 milliards d’euros/an.

Bien que globalement la forêt française soit bien gérée, le chauffage au bois augmente les gaz à effet de serre et diminue un puits de carbone important pour la planète. Les effets des poussières et particules sur la santé doivent être massivement réduits. Pour cela, il est nécessaire de limiter le développement des centrales de chauffe au bois et de préconiser pour les particuliers de coupler leurs poêles à bois avec un filtre à particules sur la cheminée, comme en Suisse où c’est obligatoire.

Michel Riottot

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