Inquiétudes sur le futur chantier du Grand Paris Express 

Le futur métro M15, la première ligne du nouveau Grand Paris Express, reliera une nouvelle gare située à Boulogne-Billancourt, en face de l’île Seguin, à la station de Noisy-Champs à l’Est. Le « camp de base » du chantier doit être installé à Sèvres.

Pour creuser le souterrain de la futur ligne 15, on utilise un tunnelier, gigantesque fraiseuse qui découpe le sol en rejetant les déblais à l’arrière. Curieusement, le chantier de démarrage de cet engin, et ses annexes  – aires de stockage de déblais, équipements, baraques de chantier – … se trouvent non pas à Boulogne mais à Sèvres, sur une partie de l’île de Monsieur. Curieusement, puisque Sèvres ne bénéficiera pas d’une station de ce nouveau métro.
Les organisateurs invoquent un problème technique : les terrains de Boulogne-Billancourt sont trop poreux pour supporter un tel chantier. On espère que cette affirmation ne cache pas une réalité plus prosaïque : le m² de terrain dans l’île de Monsieur revient moins cher qu’à Boulogne …

Quel devenir pour l’île Monsieur ?
Lors de l’enquête publique, menée en octobre-novembre 2013, beaucoup se sont inquiétés des conséquences sur les équipements en service à l’île de Monsieur, financés par les impôts locaux. Le parking de la station de tramway « Musée de Sèvres » ne sera-t-il pas réduit de manière dramatique, alors qu’il permet à de nombreux voyageurs, allant du 92 et du 78 à Paris, de laisser leur voiture pour prendre les transports en commun ? L’accès à la Base nautique et à l’aire récréative ne sera-t-il pas amoindri, tant par la mise en place du chantier du tunnelier que par les futures allées et venues incessantes des camions chargés d’évacuer les déblais vers les énormes barges amarrées le long de la Seine ? Sans oublier qu’un chantier de ce genre dure plusieurs années …
Ces inquiétudes ne semblent pas dénuées de fondement : d’abord la Société du Grand Paris donne des réponses peu convaincantes, affirmant que l’espace nécessaire au chantier du tunnelier est très limité, ce qui, au vu de ce qui s’est passé ailleurs pour des travaux similaires, paraît très optimiste. Ensuite, les documents soumis à enquête publique sont assez flous, les plans du futur chantier ne sont pas clairs, certains semblent indiquer qu’un espace important sera figé au détriment du parking et de l’accès à la base nautique … Pourtant, malgré les questions posées, les commissaires-enquêteurs n’ont pas jugé bon de demander des clarifications !

Vers une zone de retournement
Or, voici qu’un élément nouveau surgit : l’espace situé sous l’île de Monsieur serait aussi destiné à accueillir une zone de « retournement » des trains. Il s’agit d’un emplacement de stockage, qui permet aux trains arrivés de l’Est de repartir en sens inverse, mais aussi de stocker des rames lors des périodes de moindre circulation. L’aménagement de cette zone tampon pourra-t-elle se faire sans de lourds travaux aggravant les impacts sur l’île de Monsieur ?
A ce stade, mystère. Et c’est bien le problème. La procédure d’enquête publique a été respectée, sur un plan formel. Mais tout se passe comme si la Société du Grand Paris voulait préparer ses travaux dans la plus grande opacité. Mauvaise habitude de décideurs qui n’aiment pas le débat public ? Ou volonté d’éviter des contestations ?

Dominique Tessier

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