La construction des 60 ha des terrains de l’ancienne usine Renault touche à sa fin mais les anciens foyers directement voisins de ce quartier semble poser problème. À Billancourt, dans la nuit du 15 au 16 décembre, un incendie criminel a ravagé le hall d’un foyer de travailleurs migrants avec un bilan dramatique : un mort et plusieurs blessés. Il est urgent de trouver des solutions.
Ce foyer construit en 1974 et géré par l’association Coallia est dans un état de délabrement avancé, malgré les constantes demandes des résidents et alors même que, depuis 2005, le foyer doit être reconstruit à proximité.
C’est là que le bât blesse ! Depuis la fermeture en 1992 de l’usine Renault voisine du foyer, le quartier du Trapèze est en complète reconstruction par les plus grands promoteurs de la place. Sur les 60 hectares en dernière phase de reconstruction, il ne resterait plus de place pour le nouveau foyer…
Mobilisation en faveur des résidents
Suite à l’incendie, la mairie de Boulogne s’est montrée bien discrète. Mais une importante mobilisation de solidarité s’est exprimée, notamment par une manifestation dans les rues de Boulogne-Billancourt le 10 janvier 2017. Plus de 600 personnes étaient présentes, dont les résidents du foyer et les représentants d’organisations associatives, syndicales et politiques.
Depuis, les résidents et leurs soutiens ont enfin obtenu que le sous-préfet organise une réunion entre le maire et une délégation de résidents. Ceux-ci demandent :
• l’ouverture (enfin) d’une enquête sur l’incendie criminel ;
• des négociations avec Coallia et la mise en œuvre de travaux de réhabilitation des trois foyers de Billancourt ;
• l’étude d’un projet de réhabilitation s’inscrivant dans la nouvelle physionomie du quartier.
Le foyer et le nouveau quartier
Naturellement Val de Seine Vert soutient ces revendications et, sur le dernier point nous serons particulièrement attentifs à favoriser la mixité sociale dans ce quartier emblématique de l’histoire ouvrière. Depuis la fin du 19e siècle, ce quartier était essentiellement composé d’habitats ouvriers, petits immeubles modestes, hôtels meublés et foyers de travailleurs. Après la Première guerre mondiale, c’était un quartier très animé et cosmopolite (jusqu’à 53 nationalités) suite aux immigrations successives de Russes blancs (voir la chapelle orthodoxe de la rue du Point du Jour), de nombreux travailleurs chinois (Chou En Laï et Deng Tsiao Ping, entre autres), indochinois (Ho Chi Minh…) puis espagnols, polonais et maghrébins dont une grande partie comptait parmi les 30 000 ouvriers de l’usine Renault voisine.
Vers une cohabitation harmonieuse
La fermeture de l’usine a sonné le glas de l’animation populaire du quartier. Seuls quelques travailleurs côtoient les nouveaux habitants du Trapèze, composés de familles ayant payé très cher leurs appartements ou leurs locations à de riches investisseurs étrangers. Il y a également quelques logements « sociaux » quasiment tous dans la tranche haute de l’habitat social (PLS). La cohabitation n’est pas totalement harmonieuse entre ces nouveaux habitants très aisés arrivant en terrain conquis et les résidents des foyers, présents pour certains depuis plus de 20 ans. Pourtant, la ville de Boulogne-Billancourt respecterait sa promesse et s’honorerait en trouvant la bonne intégration de ces foyers dans le nouveau tissu urbain du quartier.
Rémi Lescoeur