Avis de l’association Val de Seine Vert sur le projet de SDRIF-E

Améliorons le Schéma directeur régional

Le 1er février le Schéma directeur de la région (SDRIF-E) entre en enquête publique, nous pouvons contribuer à son amélioration.

L’enquête publique sur le SDRIF-E se déroule du 1er février au 16 mars, c’est le moment de donner notre avis sur ce document de planification majeur qui s’impose aux plans locaux d’urbanisme. Val de Seine Vert a produit une contribution que vous trouverez sur notre site Internet. Nous déplorons le manque d’ambition de ce document en matière de limitation de l’artificialisation des sols. En effet, alors que toutes les régions françaises doivent réduire de moitié l’artificialisation par rapport aux dix années précédentes, l’Ile-de-France s’est fixée un objectif de moins vingt pourcent. Il faut revenir sur cette exception francilienne. Nous contestons également la surdensification de notre département et la part belle faite aux projets routiers. Pour faire face au réchauffement climatique qui menace notre survie, les demi-mesures ne sont plus supportables.

Luc Blanchard

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Avis de l’association

Val de Seine Vert, créée en 1992, est agréée pour la protection de l’environnement et le dialogue environnemental sur le département des Hauts-de-Seine.

Le Schéma directeur de la région Ile-de-France qui nous est présenté ici s’est donné trois axes structurants : zéro artificialisation nette, zéro émission nette, zéro déchet. C’est sur ces trois points que portera notre contribution.

Zéro artificialisation nette

Toutes les régions françaises doivent réduire de moitié leur consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers par rapport aux dix années précédentes. Trois exceptions cependant : l’Ile-de-France, la Corse et les Outre-mer, qui sont laissées libres de leur trajectoire.

L’Ile-de-France étant la région la plus artificialisée de France on aurait pu penser qu’elle adopte un objectif ambitieux. Nous plaidions pour le Zéro artificialisation brute. En juillet dernier les élus régionaux ont choisi de ne faire que moins vingt pour cent d’artificialisation. C’est extrêmement décevant. Avec le Conseil économique, social et environnemental (CESER) et l’Autorité environnementale, nous demandons que la région se fixe, au moins, comme les autres régions, l’objectif de moins 50%. Dans les conditions actuelles, le Zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050, imposé par la loi Climat et résilience, ne pourra pas être atteint.

Nous sommes parfaitement conscients que ce manque d’ambition est, pour partie, lié à l’obligation créée par la loi Grand Paris de 2010 de construire 10 000 logements par an en Ile-de-France. Cette loi devrait être revue et l’objectif de construction réduit. Il est tout à fait possible de produire des logements sans artificialiser (transformation de bureaux en logements, remise sur le marché des logements vides…).

Limiter l’artificialisation ne suffira pas à lutter contre une hausse massive des températures. L’étude « Paris 50°C» produite en 2023 par la ville de Paris le confirme. Pour que nos villes restent vivables il faut massivement les renaturer. Les écologues de l’Institut Paris Région expliquent que 45% d’espaces de nature sont nécessaires pour que la biodiversité ne s’effondre pas, comme c’est le cas aujourd’hui dans les villes denses des Hauts-de-Seine.

Nous demandons la sortie de l’exception francilienne et le rétablissement du moins cinquante pour cents d’artificialisation en Ile-de-France.

Zéro émission nette

Il est aujourd’hui communément admis que pour faire baisser les émissions il faut limiter l’usage de la voiture. Les Hauts-de-Seine sont dans le périmètre de la zone à faible émission (ZFE) car la pollution de l’air y ait préoccupante. Pourtant le projet d’élargissement à deux fois deux voies de la route départementale 7 entre Suresnes et Saint-Cloud, porté par le département et inscrite au SDRIF-E, ne fera qu’augmenter le trafic. Cela pose un problème de santé publique, en premier lieu pour les riverains.

Il faut ajouter, comme condition aggravante, que cet aménagement impose l’abattage de près de 500 arbres.

Nous demandons l’abandon du projet d’élargissement de la RD7 qui ne doit plus être mentionné dans le SDRIF-E.

Zéro déchet

Nous souscrivons, bien entendu, à l’objectif du zéro déchet mais nous constatons que dans les Hauts-de-Seine beaucoup de travail reste à faire pour l’atteindre. L’économie circulaire n’est encore qu’un mirage que ne dissipe pas le SDRIF-E.

Si l’on prend l’exemple de la collecte des biodéchets, obligatoire depuis le 1er janvier 2024, l’on constate que faute d’anticipation elle est loin d’être effective partout. De la même façon la filière de traitement n’est pas opérationnelle. Si l’on excepte le projet de méthaniseur à Gennevilliers, les infrastructures permettant de produire du biogaz à proximité des centres de production n’apparaissent pas dans le SDRIF-E.

Dans le même ordre d’idées l’exploitation des surfaces de toiture pouvant accueillir des panneaux solaires n’apparaît pas comme prioritaire. Il est pourtant urgent de décarboner sans artificialiser les sols. Les toitures des bâtiments publics devraient être exemplaires.

Enfin, permettre le recyclage et le réemploi nécessite des surfaces importantes au cœur de nos villes. Le SDRIF-E gagnerait à être plus incitatif en la matière. Il faut densifier les zones artisanales et industrielles en accompagnant les entreprises de façon à ce que les déchets des uns deviennent la matière première des autres.

Nous notons avec satisfaction la pérennisation du Port Legrand à Boulogne-Billancourt. Le transport fluvial, très favorable à l’économie circulaire, ne peut se développer de manière satisfaisante que si des ports sont aménagés.

Nous demandons que le SDRIF-E anticipe les besoins des Franciliens en matière de tri, optimise la production d’énergies renouvelables sans artificialiser et accompagne les entreprises dans la mise en place de boucles vertueuses de réemploi.

Conclusion

Nous apprécions que les élus de la région Ile-de-France aient décidé de remettre à plat le SDRIF de 2013 de façon à produire un document en phase avec le monde réel. Se contenter d’introduire la zéro artificialisation nette sans toucher à l’économie générale du document aurait été insuffisant. Pour autant, le projet actuel ne nous semble pas suffisamment en rupture avec le document précédent. Certains principes fondateurs comme le polycentrisme étaient déjà promus par le SDRIF de 2013. Force est de constater que c’est le mouvement inverse qui s’est produit avec une concentration de l’emploi dans Paris et la banlieue ouest…

Il nous faut donc un document plus prescriptif et plus courageux.

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