La construction d’un équipement nautique sur l’île Monsieur à Sèvres pose diverses questions.
Construire un centre aquatique de cinq mille mètres carrés, ou plus prosaïquement une piscine avec un bassin intérieur et extérieur, sur la parcelle d’un terrain situé entre le contrebas du parc de Saint-Cloud et la Seine, est-ce légal ?
La réponse semble évidente en sachant que ce futur équipement va être construit sur le site classé de l’Île Monsieur ; ce classement implique légalement la préservation de ce lieu « d’intérêt général » et l’obligation « de ne pas procéder à des travaux autres que ceux d’exploitation courante ». Malheureusement, l’évidence juridique ne l’est pas pour tout le monde étant donné que l’actuel président du conseil départemental des Hauts-de-Seine a décidé de passer outre ce classement en voulant bâtir cet équipement. Et la commune de Sèvres a cédé à cette foucade en modifiant son plan local d’urbanisme afin de le rendre soi-disant possible.
Ce centre est-il nécessaire au bien-être des Sévriens, des Meudonnais, des Isséens et des Boulonnais ?
Il faut constater, tout d’abord, que chacune de ces communes dispose d’une piscine, parfois dénommée « espace aquatique », qu’ensuite, à sept stations de tramway de la future grande piscine, se trouve déjà un complexe de loisirs nautiques, celui de « L’Aquaboulevard ». Et qu’enfin, il est probable que le futur campus Vivendi, qui verra le jour sur la voisine île Seguin, comporte également le même type d’équipement.
Alors ce projet est-il raisonnable ?
Là encore la réponse découle de source puisqu’il suffit de savoir que l’île Monsieur est en zone inondable et par voie de conséquence le futur centre sera un jour ou l’autre sous l’eau.
Malgré toutes ces objections teintées à la fois de respect du droit et de bon sens, le projet se poursuit. À moins que le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, saisi par notre association, estime que le plan local d’urbanisme de Sèvres doit être annulé, notamment en raison du non-respect de la protection du site de l’île Monsieur.
Quelle que soit la décision du tribunal, il faut déjà retenir que le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine continue à vouloir créer des équipements sans se préoccuper de l’existant et sans avoir une vision globale de l’aménagement de cette partie de l’ouest parisien, voire de l’intégration dans le proche espace parisien. Et qu’à plus ou moins longue échéance la gestion de cet équipement reviendra au territoire Grand Paris Seine Ouest, puisque le département des Hauts-de-Seine est appelé à disparaître, les élus de cet établissement et les habitants en ont-ils bien conscience ?
Alain Mathioudakis