L’Autorité environnementale (AE), organisme créé en 2009 dépendant du Conseil général de l’environnement et du développement durable du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, a en charge l’évaluation des impacts des grandes opérations d’aménagement.
Le 24 octobre dernier, cette institution a émis un avis sur le premier tronçon du Grand Paris Express (GPE), le tronçon T0 ou ligne rouge sud devant relier le Pont de Sèvres à Noisy-Champs. Il faut relever à ce propos que ses avis ne portent pas sur l’opportunité d’un projet mais sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage, et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Ils visent à améliorer la conception du projet et la participation du public à l’élaboration des décisions.
Attention
L’AE a tout d’abord indiqué que l’étude d’impact de la ligne T0 reprend « de nombreuses parties identiques » de l’évaluation globale établie pour l’ensemble du réseau GPE. Et elle conclut sur ce point en indiquant qu’une étude d’impact complète et détaillée de cette ligne reste donc à faire.
Ce caractère incomplet va se retrouver sur bien des points.
Ainsi dans l’implantation des futures gares de la ligne, « le maître d’ouvrage ne présente pas d’appréciation globale de leurs impacts ».
Sur l’impact de ce projet sur les sols et sous-sols, l’AE note que « l’étude d’impact se contente principalement de fournir des inventaires bibliographiques et cartographiques » mais « aucune étude spécifique au tronçon T0 n’a été réalisée sur ces sujets ».
Sur son influence sur l’eau, l’AE « recommande de ne pas se limiter à des examens bibliographiques mais d’inclure dans le dossier soumis à enquête publique, les résultats des études ultérieures ».
Sur l’impact sur les milieux naturels, faune et flore, l’AE note qu’il n’est pas précisé que « le parc départemental de la Haute Île qui fait partie du réseau [européen] Natura 2000 peut être impacté » par la future ligne.
Gare et urbanisme
Concernant les sites paysages et monuments, l’AE indique que « la gare implantée sur la commune de Boulogne-Billancourt, au niveau du pont de Sèvres, est dans un territoire à enjeu fort sur le plan de la protection patrimoniale des sites bâtis et naturels » et elle recommande « de compléter le dossier par des éléments (picturaux, descriptifs, etc.) permettant au public d’appréhender les niveaux d’enjeux liés aux différents monuments et sites identifiés ».
En matière d’urbanisme et de mobilité, l’AE relève que « les évolutions tendancielles des différents paramètres présentés (occupation des sols, démographie, parts modales des différents types de transports, etc.) ne sont pas clairement explicitées » et elle « recommande de préciser les évolutions des indicateurs pour la période 2005-2035, voire 2050, en l’absence du projet afin d’évaluer et de quantifier plus précisément ses effets sur ses tendances »
Changement climatique
Sur l’impact de ce projet sur la lutte contre le changement climatique, l’AE indique « qu’il serait utile de fournir la tendance d’évolution des émissions de gaz à effet de serre, hors réalisation du projet sous différentes hypothèses (notamment de progrès technique pour le trafic routier), afin d’en apprécier ses effets réels ».
Enfin, sur la rentabilité socio-économique du projet T0 et du programme GPE, les calculs effectués font « apparaître une rentabilité assez bonne pour le programme d’ensemble, nettement moins bonne voire négative dans certaines hypothèses pour le projet T0 s’il est considéré seul, et non comme une partie du réseau GPE ».
La lecture de ce rapport montre bien que la communication triomphante de la Société du Grand Paris cache de graves lacunes au regard de la mesure des impacts de la future ligne T0 sur bien des domaines. Alors les citoyens ont-ils bien été informés ?
Plus d’infos sur : www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr