Densification urbaine et canicules

« Bâtir des villes moins émettrices et plus adaptées à leur environnement local pour éviter les îlots urbains de chaleur » c’est ce que préconise Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC.

8136

En août 2003, la canicule a entraînée le décès de 14 800 personnes en
20 jours, 82% étaient des personnes de plus de 75 ans. Les conditions climatiques de Paris, ville du nord, étaient alors semblables à celles de Séville alors que cette dernière a un cadre bâti adapté et une population accoutumée à la chaleur (volets fermés, non circulation à l’extérieur pendant la chaleur, hydratation, couleur blanche dominante…). En juillet 2022, nous en sommes au deuxième épisode de canicules, les forêts brûlent et la population souffre de trop de
chaleur. Ces épisodes vont se multiplier.

 Adapter la ville à la chaleur

Des architectes, l’Agence parisienne d’urbanisme, l’agence parisienne du climat, l’ADEME ont émis depuis quelques années des rapports basés sur les observations des villes du monde entier et sur les avancées des techniques de construction. Quatre grands principes : aérer et ventiler les bâtiments et les rues, rafraîchir les rues, verdir la ville par plus d’espaces verts et d’arbres d’alignement, blanchir la ville… principes simples mais se heurtant à des bâtis anciens classés (immeubles haussmanniens, monuments…)
et aux volontés politiques de construire plus de logements, de bureaux et augmenter l’attractivité des villes. On voit fleurir les projets aberrants de
construction d’immeubles sur le périphérique, au-dessus des voies ferrées et d’augmentation de leur hauteur…

Paris et les villes frontières de la capitale sont trois fois plus densément peuplées que Londres et ne disposent pas suffisamment d’espaces de nature. Les Hauts de Seine ont 22 villes sur 36 carencées en espaces verts. Elles ne sont pas adaptées au réchauffement climatique.

 Les raisons de la surchauffe

La température au cœur de Paris est de
5 à 10°C plus élevée que dans les villes périphériques et surtout la nuit la chaleur ne s’abaisse pas autant que dans sa périphérie en raison de l’inertie thermique des matériaux des bâtiments qui restituent leur chaleur comme le montre la figure ci-après. Quelques solutions

Pour le bâti existant

Améliorer l’isolation, double vitrage et volets en bois, toitures et balcons végétalisés, cour intérieure des bâtiment haussmanniens végétalisée, améliorer la ventilation… Une solution simple
et efficace, la peinture en blanc des toits abaisse de 20°C la température en-dessous. La couleur grise des villes doit laisser place aux couleurs les plus claires possibles. Si la ville dispose de réseau d’eau non potable,
comme à Paris, cette eau doit être
utilisée pour rafraîchir les rues.

 Pour le bâti futur

Orientation des ouvertures du bâtis nord-sud, des matériaux plus inertes thermiquement, une bonne isolation, une ventilation double flux, des toits végétalisés ou peint en blanc, des murs végétalisés… des rues plus
larges et moins rectilignes.

 Pour l’îlot urbain

Remplacer le bitume par des pavés
alvéolés laissant filtrer l’eau, désimperméabiliser les sols pour garder la fraîcheur lier à l’évaporation de l’eau. Les parcs et espaces verts doivent être conçus pour rafraîchir le quatier ce qu’ils ne font
pas actuellement.

Une révolution des pratiques d’aménagements urbains et de construction du bâti est urgente sous peine d’accroître encore les difficultés de vie dans
des villes trop denses.

Michel Riottot

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.


un + = 7