Depuis le 17 mars nous sommes confinés ! Impossible de rencontrer nos familles, nos amis, nos collègues, impossible de nous déplacer, d’aller travailler, de sortir… C’est très difficile et évidemment encore plus pour ceux qui ont été infectés par le coronavirus. Tous nous rêvons de retrouver le temps d’avant, la vie d’avant, c’est bien là qu’est le piège !
Cela fait des dizaines d’années que, partout dans le monde, des voix s’élèvent pour dire que notre modèle de développement n’est pas viable. Que nos modes de vie impactent gravement notre environnement, que tout cela va mal finir. Dans les Hauts-de-Seine, comme ailleurs, les écologistes ont longtemps été moqués, au nom du progrès, de la science triomphante, du réalisme économique… Et puis le couperet est tombé, la pandémie a brutalement stoppé la machine infernale.
Responsabilité et solidarité
Pris au dépourvu, sidéré par la violence de l’attaque, l’État a mis en place le confinement et la société entière a fait front. Les soignants, pourtant mis à mal par des années de restrictions budgétaires, se sont immédiatement mobilisés, ainsi que les commerces alimentaires, les chauffeurs routiers, les éboueurs… Au passage, nous avons pu réaliser où étaient les services essentiels. Nos communes ont globalement bien réagi pour protéger les plus fragiles et la plupart d’entre nous ont fait preuve de responsabilité et de solidarité.
Passons sur les ratés, les petits mensonges et les demi-vérités, sur les déclarations martiales et le manque d’humilité de nombreux dirigeants politiques. Interrogeons-nous plutôt sur la sortie de crise. Nous avons hâte de retrouver la liberté, pas de repartir comme avant.
Un autre monde est possible
La crise sanitaire a mis en évidence les travers de la mondialisation. Nous manquons de masques et de matériel de protection, de respirateurs… Parfois même de produits alimentaires. Il faut que cela nous serve de leçon et qu’à l’avenir nous nous donnions les moyens de relocaliser la production de tout ce qui est essentiel. Le confinement montre également que la surdensification telle que nous la connaissons dans la métropole du Grand Paris devient vite insupportable et mortifère. Le respect des préconisations de l’Organisation mondiale de la santé, 10 m2 d’espaces verts par habitant, n’est pas une option mais une obligation. On pourrait multiplier les exemples et nous avons voulu dans ce numéro creuser quelques pistes.
Val de Seine Vert
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La crise sanitaire et après ?
En France, le 20 avril 2020, la barre symbolique des 20 000 morts a été dépassée. La pandémie a fait des ravages et plombé l’économie… La sortie de crise n’est pas pour demain, mais que sera le monde d’après ?
Le déconfinement annoncé pour le 11 mai prochain ne marquera pas la fin de la crise sanitaire, chacun sait que les mesures barrières et la distanciation sociale devront se poursuivre tant que nous ne disposerons pas d’un vaccin contre le Covid-19. C’est-à-dire, au mieux, jusqu’en 2021 ! Cette perspective n’est pas réjouissante, mais il y a pire. Les experts nous prédisent une crise économique sans précédent, certains disent qu’elle pourrait dépasser celle de 1929 !
Les vieilles recettes
Pour soutenir l’économie, l’État, que l’on disait sans le sou, a investi massivement. Des milliards d’euros ont été consacrés à soutenir les travailleurs et les entreprises. Dans la nuit du 17 au 18 avril, le Parlement a voté un crédit de 20 milliards d’euros pour sauver des entreprises « stratégiques » telles que Air France, Renault, Vallourec… Des entreprises dans les starting-blocks, prêtes à repartir comme avant la crise sanitaire, comme si de rien n’était. De nombreuses ONG ont réclamé que ces aides soient conditionnées à des engagements environnementaux, notamment climatiques, elles n’ont pas été entendues. C’est tout juste s’il a été demandé à ces grands groupes un engagement minimaliste en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE).
Un autre monde est possible
La crise sanitaire que nous traversons montre pourtant qu’il est possible de sortir du productivisme. Les graves faiblesses de notre modèle mondialisé sont apparues au grand jour et l’on a commencé à parler de relocaliser l’agriculture, d’organiser des circuits courts, de réindustrialiser le pays…
Du jour au lendemain, des réseaux de solidarité se sont mis en place pour soutenir les plus fragiles, pour pallier la pénurie de matériel médical en confectionnant des masques ou des blouses artisanales… Tout n’a pas été parfait, des voix ont dû s’élever, notamment à Boulogne-Billancourt, pour que les villes prennent mieux en charge les sans-abri, mais globalement nous avons fait face en dépassant les querelles partisanes.
Le confinement, en gelant l’activité économique et les transports, a permis de faire massivement baisser la pollution et les objectifs de l’accord de Paris sur le climat ont tout à coup paru atteignables. Nous avons constaté, en voyant des usines automobiles se mettre à fabriquer des respirateurs, que la reconversion industrielle est possible. Nous pourrions multiplier les exemples qui montrent que nous sommes à la croisée des chemins et que nous pouvons décider de rompre avec l’ancien modèle de développement. Ce n’est pas facile, mais rien ne sera facile alors autant que les sacrifices que nous devrons faire ouvrent sur un monde vivable et durable.
Luc Blanchard
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In memoriam
Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, est décédé le 29 mars dernier des suites d’une contamination au virus du covid-19 à Antony, sa ville de prédilection. Nonobstant les différends que nous avons pu avoir avec lui concernant certains de ses projets d’aménagement, nous nous devons de rendre hommage à cet homme, avocat de formation et passionné de culture, qui a consacré toute sa vie à la chose publique au cours des divers mandats politiques et électifs qu’il a occupés. Le conseil d’administration de Val de Seine Vert présente ses sincères condoléances à son épouse, à ses enfants et petits-enfants.
VDSV