Entièrement modulable et symbole local de l’architecture du xxe siècle, la Maison du peuple apparaît aujourd’hui comme gravement menacée par un projet de densification en hauteur.
96mètres. C’est la hauteur de l’immeuble de grande hauteur (IGH) dont le maire de Clichy prévoit la construction, attenante à cet élément essentiel du patrimoine architectural de la ville, bâti en 1939. La seule option de rénovation « architecturalement et économiquement viable », selon lui.
Classée monument historique depuis 1983, la particularité de la Maison du peuple, pour l’époque, est d’être entièrement modulable : le toit et le plancher étant rétractables, cet espace pouvait même servir de marché ouvert. Or les éléments mutables de cet ouvrage révolutionnaire ne sont plus fonctionnels depuis la fin des années 1970.
Face à l’indignation de nombre d’habitants – la révision PLU est déjà contestée en justice –, le préfet de région a demandé une étude d’impact préalable qui n’a pas encore livré ses préconisations. Jack Lang, ancien ministre de la Culture, comme Stéphane Bern ont quant à eux fait part de leur opposition à ce projet.
Toujours trop haut
Sans attendre, la mairie a d’ores et déjà fait procéder à des sondages dans le sol, pour savoir si l’emplacement pouvait accueillir l’IGH. Si les services du ministère de la Culture ont fait part de leur « position défavorable », leur attitude est néanmoins quelque peu ambiguë : comme le relève La Tribune de l’Art, le Centre Pompidou est partie prenante du projet.
Alors que le nouveau ministre de la Culture, Franck Riester, n’a pas encore pris de décision, le promoteur, le groupe Duval, fait l’après-vente de son projet dans les colonnes du Parisien. Il plaide aussi coupable, reconnaissant volontiers que ce qui cristallise les tensions, c’est précisément cette folie des hauteurs, imposée par le concours d’urbanisme de 2016 qu’il a remporté.
Plus qu’économique, c’est donc d’abord un problème politique : à l’inverse de projets de démolition du patrimoine menés avec succès (le CNET, en centre-ville d’Issy-les-Moulineaux) ou avortés (l’école Billancourt à Boulogne-Billancourt), ce projet permettrait de bétonner sous couvert de rénovation. Tout en densifiant en hauteur – sans pour autant dédensifier au sol – ce site, dans une ville qui fait déjà partie des 9 communes les plus denses du département.
VDSV