Le chauffage au bois est bien une énergie renouvelable, mais avec quelques bémols bien embêtants.
Utilisé pour faire cuire les aliments, pour se chauffer, pour construire ou produire des meubles, le bois est universellement employé depuis la découverte du feu par l’homme. Si 2,5 milliards de personnes l’utilisent encore quotidiennement sur la planète dans les pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du sud, ce n’est plus la seule énergie carbonée pour le chauffage dans les pays développés. Or, on constate un regain d’intérêt pour l’énergie bois dans nos pays développés car « ce serait une énergie renouvelable dont le bilan d’émissions de gaz à effet de serre serait nul ».
Le bois prélevé dans des forêts bien gérées va se régénérer, selon les essences et selon la qualité de la gestion, en 40 à 100 ans. Cette réflexion sur la durée de la reconstitution de la masse forestière est souvent passée à la trappe, mais il y a plus grave. Cette régénération dépend aussi des conditions climatiques : chaleur, augmentation de sécheresse et invasion de parasites, champignons et insectes, les conditions ne seront plus identiques à celles passées et risquent d’empirer. Mais, encore plus grave, il a été décidé il y a une quinzaine d’année au niveau européen et français que le bois de chauffage, ressource renouvelable et renouvelée, avait une « neutralité carbone » et que son facteur d’émissions de gaz carbonique était égal à zéro. Or, la combustion du bois émet davantage de gaz à effet de serre que la plupart des énergies fossiles.
Multiplication des chaufferies biomasse en Ile-de-France
En 2020, il y avait 122 chaufferies biomasse en Ile de France contre 3 en 2001, avec une multiplication par 7 de la puissance installée. Les centrales de puissance supérieure à un mégawatt produisent 96 % de la puissance installée mais celles de puissance inférieure représentent 70 % du nombre d’installations (82 chaufferies). Or, ces petites chaufferies doivent être déclarées auprès des services de l’État, mais n’ont pas à suivre de prescriptions de fonctionnement, ni ne subissent de contrôle et les valeurs limites d’émissions ne s’appliquent pas, ce qui pose problème. Seul un contrôle de puissance est exigé tous les 5 ans. Cette législation extrêmement permissive et laxiste doit être revue car les mesures de qualité de l’air effectuées par AIRPARIF sont probantes : en hiver les émissions de particules fines issues du chauffage au bois sont aussi importantes que celles émises par le trafic routier, ce qui est considérable.
AIRPARIF projette d’effectuer des mesures d’émissions des fumées de quelques-unes de ces chaufferies, en ciblant un échantillon de 8 chaufferies < 1MW utilisées pour chauffer le secteur tertiaire, et comparer les émissions à celles de deux chaufferies gaz de même puissance. Ces petites chaufferies ne sont en général pas équipées de système de dépollution (filtres à particules, …). Sept polluants seront recherchés pendant trois périodes de chauffe pendant deux hivers (2022-2023).
Sachant que la pollution de l’air en Ile-de-France est la cause de plus de dix mille décès anticipés par an Val de Seine Vert soutient ce projet. Il faut que l’utilisation de la biomasse forestière soit contrôlée et limitée car ce n’est pas une énergie propre.
Michel Riottot