Aménagement de l’île Seguin

pont Seibert_fmtArguments du recours contre la révision simplifiée du PLU de Boulogne

Un collectif associatif formé d’Action Environnement Boulogne Billancourt, Boulogne Environnement, Environnement 92, Ile-de-France Environnement, Intégrer Billancourt, Issy l’Écologie, Val-de-Seine Vert, Vivre à Meudon, a déposé le 4 août dernier un recours gracieux contre le projet de révision simplifiée du PLU (Plan local de l’urbanisme) de Boulogne-Billancourt visant à réaménager l’île Seguin.

Le collectif demande le retrait pour illégalité de la délibération du 16 juin dernier approuvant la modification du PLU.

Rappelant que ce projet prévoit le triple de la surface construite à laquelle s’était engagé le maire lors de sa campagne électorale de 2008, le courrier de recours fait valoir les arguments suivants :

• Partialité du rapport du commissaire-enquêteur, considérant que les résultats de l’enquête publique (420 avis exprimés dont 348 contre et 72 pour) ne sont pas représentatifs de l’opinion de la population boulonnaise ; ce qui, s’il était suivi sur ce terrain, conduirait à remettre en cause l’ensemble des enquêtes publiques.

• Erreur substantielle du même en ce qui concerne l’évaluation de la hausse de la constructibilité par rapport au maximum prévu au PLU : celle-ci est de 77 % pour l’île Seguin, et non pas de 15 % comme le fait valoir le commissaire-enquêteur, lequel prend en compte l’ensemble d’une ZAC englobant, outre l’île Seguin, le quartier de la tête du Pont de Sèvres dont la rénovation est prévue à cette occasion : une méthode qui minore, évidemment, l’impact du projet.

• L’augmentation de la S.H.O.N. des bureaux et des activités commerciales, au détriment des habitations, contribue à accentuer les déséquilibres, localement et à l’échelon régional ; à augmenter les flux de circulation, et la surcharge de la voirie. Dans son principe comme dans ses effets, elle s’inscrit en contradiction avec les documents d’urbanisme.

• Impact irrémédiable du projet sur l’aspect paysager actuel de la boucle de la Seine, perte des perspectives visuelles sur les coteaux, au mépris des dispositions du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT).

Les associations s’élèvent résolument contre le projet actuel, qui témoigne d’une singulière vision du développement durable comme d’un fâcheux mépris de la concertation.

Val de Seine Vert

Le pont Seibert récemment rendu aux piétons et aux cyclistes

L’île symbole : du rêve à la réalité

Tout le monde s’accorde à reconnaître que l’île Seguin est un lieu exceptionnel, symbolique. Là, plus encore qu’ailleurs, le projet urbain doit préfigurer la ville de demain : dense mais agréable à vivre, donc bien desservie par les transports en commun, dotée d’équipements publics, ouverte sur la nature, respectueuse des paysages. Elle doit être économe en énergie, durable, propre… Tout le contraire de ce que l’on nous propose.

Le projet « Baguet/Nouvel », c’est cinq tours de plus de cent mètres de haut, 164 200 m2 de bureaux, 39 000 m2 d’hébergement (il n’y aura pas de logements permanents), 91 800 m2 de commerces et d’activités, 42 500 m2 d’équipements publics (dont un équipement musical sur la pointe aval). Si l’on en croit la ville, cet ensemble devrait attirer quatre millions de visiteurs par an !

Notre vision est toute autre. Les associations de défense de l’environnement souhaitent conserver les 175 000 m2 inscrits au PLU en 2005, revenir au principe d’une île sans voitures, faire la part belle à la nature et aux paysages. L’île ne doit pas être le socle d’un mur entre la plaine de Boulogne et les coteaux de Meudon mais un des points d’ancrage de la nature en ville. Ce qui compte pour nous ce n’est pas que l’île Seguin soit à moins de deux heures d’avion de toutes les métropoles européennes mais qu’elle contribue à restaurer l’écosystème du Val de Seine.

Le maire de Boulogne-Billancourt a si bien perçu la demande de ses concitoyens qu’il en a fait une promesse électorale lors des municipales de 2008. À l’époque, il se faisait fort de ramener la constructibilité à 110 000 m2 afin de réaliser une île « verte et ouverte ». Une fois élu, Pierre-Christophe Baguet change son projet du tout au tout, la densité est multipliée par trois.

Luc Blanchard

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