Voici quelques éléments de synthèse sur le colloque « La forêt francilienne : des ressources inexploitées ? » organisé par l’Agence des Espaces verts (AEV) entourée de l’ensemble des acteurs de la filière bois, le 29 avril 2014 au Conseil Régional d’Île de France. Il fut suivi par la signature de l’acte d’engagement entre l’ONF et l’AEV sur la gestion active de la forêt en île de France.
L’Île-de-France dispose d’un beau territoire forestier (25 % du territoire francilien) auquel les Franciliens sont très attachés. Mais des épines poussent sur les branches du multi-usage de la forêt : la valorisation des produits forestiers, avec la demande grandissante de bois- énergie et le développement de la construction de maisons en bois s’opposent au souhait du public de conserver intacts ces lieux de promenade, de calme et de silence si nécessaires aujourd’hui pour les urbains.
Faut-il s’inquiéter des besoins en bois ?
La production de cette source d’énergie renouvelable et consensuelle a été multipliée par deux en dix ans. La production de biomasse et de bois devrait s’accroître de plus de 8 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) entre 2006 et 2020 pour atteindre les objectifs français en matière d’énergie renouvelable. « Cette hausse représente, en volume, l’équivalent de la production nationale actuelle. » (Paul-Antoine LACOUR, COPACEL (Union française des industries des cartons, papiers et cellulose)). La biomasse bois peut donc apparaître comme un recours pour les collectivités ; ainsi 68 chaudières se sont implantées en Île-de-France.
Dans le domaine de la construction, les besoins en rénovation, isolation, extension et en ossature bois se chiffrent à plusieurs millions de mètres carrés. Les usages du bois dans la construction progressent constamment malgré les contraintes réglementaires.
Alors, ne va-t-on pas vers une récolte excessive du bois dans la forêt française ?
Couper… où pas ?
L’ONF n’échappe pas aux besoins de rigueur de l’Etat. Auparavant, 20 % du produit des coupes étaient consacrés à de nouvelles implantations. Aujourd’hui, les bénéfices ne permettent plus de financer ce repeuplement. Effet pervers, l’ONF a raccourci la durée de vie des arbres. Alors qu’un chêne était récolté au bout de 250 ans, il est désormais coupé après 200, voire 180 ans. « L’ONF privilégie la rotation accentuée des coupes plutôt qu’une production à long terme » explique Guy GIMENES Président du collectif «Sauvons nos arbres » à Île-de-France Environnement. La réponse de Patrick SOULE (Directeur général adjoint de l’ONF) confirme la nécessité du débat : « l’ONF ne surexploite pas la forêt francilienne. Elle apporte 1% des volumes commercialisés alors qu’elle représente 4 % de la superficie des forêts publiques métropolitaines. Mais il apparaît nécessaire de mieux écouter et échanger avec les associations et les citoyens ».
« L’hostilité du public est grande devant les coupes de régénération sur de grandes surfaces, les coupes définitives ou à blanc, confirme Sylvain Ducroux, de l’ONF. Quand nous évitons ces phases critiques au niveau paysager, nous retrouvons une certaine sérénité dans nos relations avec les riverains »
L’exemple viendrait-il du Nord ?
La présentation de Stéphane VANWIJNSBERGHE, responsable de la sous-division nature et forêt de l’Institut bruxellois de Gestion pour l’Environnement (IBGE) du traitement de la forêt de Soignes, située à 10 km de Bruxelles, montre que l’on peut concilier les protagonistes en prenant en compte les différentes fonctions de la forêt : la conservation de la nature, la préservation des paysages et du patrimoine architectural et historique, l’accueil du public. Sans oublier l’aspect pédagogique et une bonne dose de communication ! Ainsi, fini l’utilisation du terme « abattage » il a été remplacé par les forestiers belges qui signalent désormais joliment qu’ « un arbre a été couché ou mis au sol » …
Nicole Matran