Les tours du pont d’Issy-les-Moulineaux : un projet fou de plus

Le nouveau Front de Seine annoncé ne peut susciter que colère et rejet tant son inadaptation au site et son anachronisme économique saute aux yeux.

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Les bons voeux de l’association Actevi

Le premier concours privé de 2007 qui ne proposait que deux tours avait été remporté par Loci Anima avec les architectes Françoise Reynaud et Itsuko Hasegawa qui avaient eu l’intelligence de ne présenter qu’un seul bâtiment enjambant la rue Rouget-de l’Isle et sur lequel un débat digne de ce nom aurait pu s’engager. Le projet actuel de tours au Pont d’Issy apparaît comme le point d’orgue d’une urbanisation sans âme ni cohérence dont le seul but serait d’affirmer de manière manifeste le primat de l’économique sur la nature et le social en laissant la bride sur le cou aux promoteurs avides de hauteur et de mètres carrés.

Toujours plus de bureaux

En 2007, un premier projet prévoyait 120 000 m2 de bureaux et 40 000 m2 de logements. Quatre ans plus tard, les bureaux ont doublé et les logements ont été divisés par trois ! Sans doute un effet collatéral de la crise… Trois tours dont les hauteurs s’échelonneraient de 170 à 188 mètres proposant 230 000 m2 de bureaux et 13 500 m2 de logements avec, pour le même prix, un bâtiment de bureaux non IGH pour rentabiliser le tout : cela confine à la provocation quand la seule vertu d’une tour est de libérer du foncier à son pied ! À titre de comparaison, les tours GDF, Granite, Areva et Total à la Défense font de 184 à 187 mètres ! Et Cœur Défense et ses 200 000 m2 de bureaux ne mesure « que » 161 mètres… Alentour, des milliers de m2 de bureaux attendent toujours preneur. Et les besoins en logements sociaux sont toujours aussi criants.

Toujours moins d’écologie

Rien de ce qui pourrait attirer un peu de sympathie pour ce type de projet n’y figure : 2 500 véhicules supplémentaires alors que les tours de Londres ont pratiquement supprimé les places de parking à leur pied, que ce soit la tour Foster dans la City ou la tour « Shard of Glass » de Renzo Piano de l’autre côté de la Tamise. Pas de mixité non plus comme dans cette dernière qui accueille bureaux, hôtel et logements de bas en haut pour une meilleure mutualisation thermique quand les bureaux ont besoin de rafraîchissement et les logements de chauffage.

Faut-il rappeler qu’une tour ne peut être ni écolo, ni économique : elle coûte et pollue plus en construction comme en fonctionnement, et seul un programme de bureaux et logements de luxe permet de la rentabiliser. Non mutable, elle est rapidement obsolète comme le montrent les nombreux chantiers de rénovation/démolition en cours.

La contagion gagne du terrain

Que ce soit l’occasion pour les plus de vingt ans de Val de Seine Vert de mettre en place une digue démocratique d’opposition aux projets fous, de Saint-Cloud au XVe arrondissement, qui satureraient rapidement et la voirie et les transports en commun en déséquilibrant un peu plus l’est et l’ouest de notre région. Sait-on que pour rentabiliser un autre projet fou, il est prévu de construire 92 000 m2 de bureaux sur la corne ouest de Balard pour pouvoir équilibrer financièrement le délire du « Pentagone à la française » ? Et l’on vient d’apprendre que Bouygues venait d’acquérir l’hôtel Sofitel/Pullman de la Porte de Sèvres pour le transformer en bureaux qui viendraient s’ajouter à ceux de la tour « Triangle » à la Porte de Versailles…

Nous devons retrouver la raison et débattre démocratiquement de l’avenir que nous souhaitons pour nos villes avec la priorité donnée au logement social, aux espaces verts et aux circulations douces.

Un collectif d’opposition au projet de tours au pont d’Issy regroupant les associations locales, Actevi, Issy l’Écologie, ainsi que plusieurs associations boulonnaises, est en cours de constitution… Que tous les dormeurs du Val se réveillent !

Didier Hervo

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