Le parc de l’Observatoire de Paris à Meudon, avec ses 63 hectares à cheval sur le domaine du château de Meudon et sur la forêt domaniale, constitue une réserve biologique exceptionnelle. Depuis près d’un siècle il n’est plus ouvert au public et, bien que clos, il est accessible par de grandes grilles, à la faune qui s’en sert de refuge.
Mais il y a un paradoxe : il est moins bien protégé que la forêt domaniale. Certes, il est rangé par les documents d’urbanisme parmi les zones naturelles et forestières mais, du fait de son affectation, la construction de nouveaux équipements publics y est autorisée. On a pu par exemple y construire discrètement un bâtiment d’accueil lors du déplacement de l’entrée de l’établissement, comme ailleurs dans la forêt une déchetterie.
En observant la multiplication des atteintes à la trame verte de notre région tant au titre de la promotion de l’activité que de la politique du logement, ou encore au nom de la lutte contre les déficits publics, on peut s’inquiéter de la pérennité de cette réserve biologique. Ces craintes sont d’autant plus fondées que la situation géographique de Meudon n’apporte aucun avantage aux observations astronomiques qui se font aujourd’hui en altitude ou depuis l’espace : l’établissement pourrait par exemple se laisser attirer par le cluster de Saclay où se trouvent déjà un institut d’optique, le laboratoire d’astronomie spatiale et le laboratoire d’astronomie du CEA.
Un élément particulièrement inquiétant tient au fait que le Président de l’Observatoire de Paris (locataire des 63 hectares, dont une importante partie a été retirée des Espaces Boisés Classés par une décision du conseil municipal de Meudon au début des années 2000), avait mandaté, en octobre 2009, un ingénieur en retraite afin d’obtenir le classement biologique de ce domaine (en réserve naturelle régionale ou en réserve biologique) déclarant cette mission comme « un dossier important pour le site de Meudon ». Or un an plus tard le même Président fait une volte-face surprenante en affirmant que « le classement du site de Meudon n’est plus dans nos priorités. Les collectivités locales ne sont pas favorables à ce classement et il ne nous paraît pas opportun de poursuivre ce dossier 1… ».
Quelles sont ces « collectivités locales » qui sont défavorables à une protection biologique de ce site exceptionnel, poumon biologique des 1 100 ha de la forêt de Meudon ? Seraient-elles tentées, comme c’est actuellement ce qui se passe avec le site du CNRS de Bellevue de laisser de juteux projets immobiliers détruire la faune et la flore exceptionnelles du site ?
Patrick Diérich
1. correspondance de l’auteur avec Daniel Egret, directeur général de l’observatoire de Paris jusqu’en 2011.