Du 3 juin au 6 juillet 2013, est lancée l’enquête publique sur le contrat de développement territorial de la communauté d’agglomération Grand Paris Seine Ouest (GPSO).
Pour rappel, un contrat de développement territorial (CDT) est un outil contractuel créé par la loi sur le Grand Paris de 2010 Selon l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Ile-de-France, « les CDT devront notamment préciser le nombre de logements et de logements sociaux à construire, mentionner les zones d’aménagement différé (ZAD) et les bénéficiaires des droits de préemption, établir le calendrier de réalisation des opérations d’aménagement et des grandes infrastructures de transport, évaluer leur coût et indiquer les opérations pour lesquelles il vaut déclaration de l’intérêt général. Les CDT sont soumis à évaluation environnementale et doivent être compatibles avec le Schéma directeur régional. »
Une machine à concentrer
Tel qu’un CDT a été conçu, il peut constituer une machine à concentrer emploi et richesse où le rôle régulateur de l’État est réduit à la portion congrue. Et c’est bien le cas ; ainsi cinq CDT franciliens incluant celui de GPSO regroupent 40 % de l’emploi et des richesses en Ile-de-France. À eux seuls, ils peuvent remettre en cause le rôle des départements dans lesquels ils ont été signés voire même de la région. Ils renforcent également le déséquilibre francilien entre emploi à l’ouest et logement à l’est.
Le CDT de GPSO est affublé d’un sous-titre « Innovation numérique » qui montre l’influence du maire d’Issy-les-Moulineaux sur l’établissement de ce document. Deuxième remarque préalable, la procédure d’enquête est lancée avant même que le Schéma directeur régional soit complètement validé ; encore une fois, il faut se demander si tout n’est pas déjà bouclé par avance. En effet, la loi fixe comme date butoir le 31 décembre 2013 ; les communes de GPSO auront six mois d’avance. De plus, dans cet élan anticipateur, quid des villes de Vélizy-Villacoublay et Marnes-la-Coquette qui viennent d’intégrer l’agglomération ?
Un catalogue période fête de Noël
Maintenant concernant le fond du dossier. Ce document, volumineux, ne comprend pas de projet de territoire complet. Ainsi, à titre d’exemple, Chaville et Ville d’Avray semblent inexistantes et Boulogne-Billancourt n’est vue qu’à travers l’île Seguin et le musée Albert Kahn ou Sèvres par la Cité de la Céramique.
Il recense donc de « brillants projets » sans présentation fine de ceux-ci. Cela donne un aspect catalogue de « La Redoute » période fête de Noël avec présentation de beaux cadeaux. Malgré les titres des chapitres dans lesquels s’insèrent ces projets cela ne donne pas le sentiment d’une stratégie globale pour les villes de cette agglomération. Enfin, la plupart des projets présentés sont en cours de réalisation sans perspectives d’avenir concrètes et ce à moyen et long terme.
Concernant les chiffres de croissance annoncés tant pour la population (+30 000) que pour l’emploi (+30 000), il est possible de s’interroger sur leur bien fondé et sur l’impact qu’auront ces nouvelles populations sur la qualité de vie et le bien être des 300 000 habitants actuels et des 164 000 emplois existants.
En conclusion, ce contrat synthétise bien l’état d’esprit et les projets de ceux qui président aux destinées de GPSO. Dans ce concert d’autosatisfaction, il est difficile de faire entendre une voix citoyenne qui pourrait parler de densité « ressentie », de saturation des voies routières, de pollution atmosphérique et de la place de la Seine et de l’eau dans ce futur urbain très minéral.
Alors, chacun peut se faire son opinion en se rendant sur le site de GPSO (www.agglo-gpso.fr). Rien n’étant indiqué clairement, pour découvrir ce CDT il faut cliquer sur l’onglet « voir toute l’actualité » et puis aller sur l’article intitulé « Enquête publique : donnez votre avis sur le… ».
Alain Mathioudakis