Parc de Saint-Cloud, questions/réponses

Rencontre avec Brice Mathieu, administrateur du Domaine national de Saint-Cloud.

En poste depuis quelques mois, Brice Mathieu a été directeur du centre de conservation du Louvre, notamment à Liévin, et DRH du musée du Louvre. Nous avons souhaité faire le point avec lui sur les dossiers majeurs du Parc, classé jardin remarquable en 2005. Cet espace vert de 460 hectares, situé sur les intercommunalités de Paris Ouest La Défense et Grand Paris Seine Ouest, sur les communes de Saint-Cloud, Marnes, Sèvres et Ville d’Avray, constitue une sorte d’enclave diplomatique. Il ne dépend d’aucune autorité « locale ».

Le Parc a été sauvé par le conventionnel Couthon, guillotiné avec Robespierre, qui fait voter que « maisons et jardins de Saint-Cloud (…) seront conservés et entretenus aux frais de la République pour servir aux jouissances du peuple et former des établissements utiles à l’agriculture et aux arts » (1794)

Cet espace public, avec de très larges plages d’ouverture, ne connaît pas le nombre de ses visiteurs. Si le nombre de voitures peut être à peu près évalué, celui des autres modes de visites est inconnu. C’est un problème pour mesurer une empreinte écologique de ne pas disposer de ces variables. Une analyse de la fréquentation est menée. En 2024, Brice Mathieu devrait disposer d’une estimation chiffrée.

Le Parc n’a encore aucun « bilan carbone » mais a été sélectionné par le Centre des Monuments Nationaux pour faire partie du test qui cherche à en déterminer les critères. Il n’est pas considéré dans les plans « climat » des collectivités mitoyennes.

Plate-forme de compostage au sein du domaine, objectif de ne plus faire partir de déchets à l’extérieur, produire une partie des végétaux du Parc, les chantiers sont marqués par une préoccupation globale de sobriété. Le Label « 0 phyto » est recherché.

200 hectares de forêt sont toujours marqués par la tempête de 1999. Il faut des abattages et sélectionner les plans forestiers. Il y a un problème de prolifération des champignons, il y a beaucoup trop d’érables faux-platanes. Il faut recréer de la diversité et dans ce travail le Parc est accompagné notamment par l’ONF.

Les jets d’eau sont limités et la réfection des jets de la grande cascade se fera en circuit fermé. Ces jets ne représentent qu’une faible partie de la consommation du parc. Les pelouses ne sont pas arrosées et les eaux utilisées sont issues du ruissèlement. Les espèces plantées sont aussi à faire évoluer vers une moindre consommation. Le Parc considère avoir un très bon système de détection des fuites avec une veille très opérationnelle.

Brice Mathieu veut favoriser les mobilités douces et interroger le côté « traversant » du Parc, passer du concept de « péage automobile » à celui de « frais de stationnement ». Les plans de déplacements vélos des villes ne prennent jamais en compte le Parc. Les élu.e.s ont aujourd’hui un interlocuteur intéressé.

Il veut diminuer la circulation de transit, tout en sachant que le péage constitue la plus grosse recette du Parc. Les alternatives ne sont pas si nombreuses.

Les recettes apportées par Rock en Seine et par les privatisations sont importantes. Rock en Seine est un événement que l’on peut contester pour son empreinte écologique, néanmoins il répond à une demande et a trouvé son public et apporté au parc une renommée supplémentaire. C’est devenu un marqueur du Parc.

La consommation électrique de La fête des lumières est mesurée. Pour Brice Mathieu elle ne consomme que l’équivalent d’1 heure 30 de visionnage type Netflix par spectateur.

Les feux d’artifice ne reprendront pas du fait de leur empreinte importante et des nuisances aux animaux,
à la biodiversité.

Brice Mathieu attend beaucoup du projet de Musée du Grand Siècle à la caserne Sully et de la connexion du Bas-Parc à cet ensemble. Le caractère historique du Parc doit être mis en valeur, plus qu’un jardin public c’est d’abord un site patrimonial. Il a lancé une étude de la cartographie des usages du Parc afin d’en circonscrire les événements en fonction des usages.

Il y a les concessions accordées aux chalets de restauration. La gamme de prix nous paraissait trop élevée pour attirer un public plus populaire au Parc. Des réflexions ont lieu sur l’ouverture de points de restauration type « Food trucks » accessibles et de lieux de restauration rapide à plus bas coûts.

Une campagne pour une meilleure civilité des propriétaires de chiens va être lancée. Il faut veiller à ce que les mesures prises ne soient pas toujours dans la contrainte, sans concertation avec les amis des chiens. Il serait paradoxal de dire privilégier la biodiversité, le bien-être animal et ne pas pouvoir admettre que des animaux domestiques s’épanouissent en plein air. Un forum des usagers mettant toutes les questions à plat paraîtrait bien venu.

Frédéric Puzin

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