Alors que l’isolation des combles ou des murs de façades ou pignons sont presque toujours la première source de progression, l’installation de fenêtres en double-vitrage est encore réputée être une solution pertinente. C’est aussi la plus risquée dans le bâti ancien.
Pertinente dans le cas d’une habitation dont les murs présentent des performances d’isolation suffisante, la solution du double-vitrage doit-elle vraiment être prioritairement envisagée dans les autres cas ?
Propriétaire d’un appartement en dernier étage d’un immeuble qui en compte six dans le quartier de Billancourt, Emmanuelle n’en est plus si sûre. « Après pose d’une fenêtre sur-mesure en double-vitrage PVC, je pensais que mon DPE aurait progressé, relate la boulonnaise. Pas tellement, puisque je suis toujours à 561 kWh par an et par m2, c’est-à-dire dans la classe G interdite à la location dès janvier 2023 : c’est forcément décevant ! »
Comme elle, de nombreux habitants du Val de Seine, où les maisons et immeubles que l’on qualifie aujourd’hui de passoires thermiques représentent la majorité du bâti, sont confrontés aux limites des changements de fenêtres.
Des pré-requis nombreux
Outre l’impact sur l’efficacité énergétique et la disponibilité locative d’un grand nombre de biens dans un contexte de pénurie de logements en Île-de-France, c’est aussi un sujet de santé publique majeure : car l’isolation des fenêtres est rarement possible seule dans un logement qui n’a pas été conçu à cet effet.
Père de famille isséen, Benoît constate comme tous les autres habitants de son immeuble l’apparition de moisissures aux murs et plafonds depuis que sa copropriété a opté pour le passage de l’ensemble des fenêtres en double-vitrage. « La totalité du budget ayant été consacré à cette rénovation, nous n’avons pour l’instant pas prévu de solution pertinente pour le renouvellement de l’air intérieur. On ne nous en a pas avertis… mais c’était une erreur ! »
Comme lui, nombreux sont les habitants du Val de Seine qui seront contraints d’effectuer d’autres travaux, parfois coûteux à mettre en œuvre : l’installation, par exemple, d’une VMC double-flux représente d’importants travaux dans une maison ou un immeuble qui ne dispose pas de conduits dédiés préexistants.
Face à la crise du logement appelée à d’aggraver à horizon 2026, l’État comme nos collectivités ne pourront pas faire l’économie d’un plan massif de pédagogie et de diagnostics sur l’efficience réelle des travaux souhaitables, surtout lorsqu’ils sont éligibles à l’obtention d’une subvention.
Serge Brière
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Sobriété énergétique : quand la rénovation ne prime pas
Après la disparition du Crédit d’Impôt Transition Énergétique (CITE), ni la « Prime Rénov » de l’État ni les aides de GPSO ne permettent à une majorité de logements de progresser en efficacité énergétique et en économies d’énergie.
Changement d’une chaudière à gaz et installation d’une pompe à chaleur : ce sont les seuls travaux relatifs au chauffage éligibles à Ma Prime Rénov, auxquels GPSO ajoute les VMC double-flux… et le chauffage au bois dont on sait qu’il est l’une des premières sources de pollution atmosphérique en Île-de-France.
Le territoire, sous la forme de l’agglomération Arc de Seine qui lui a précédé, avait été l’un des premiers en France à proposer une aide financière à l’installation de solaire photovoltaïque pour les maisons individuelles et les copropriétés. Il est aujourd’hui bien loin des enjeux de rénovation auxquels sont confrontés une majorité d’habitants.
Les principales victimes de ces « aides » sont les habitations en tout-électrique, qui ne sont éligibles à aucune aide, hors dispositif comportant une production et un stockage local d’énergies renouvelables. C’est incompréhensible lorsque l’on sait que près de 40% d’économies de consommation électrique peuvent être réalisés par le remplacement de convecteurs et de chauffe-eaux vétustes.
Pour l’heure, force est de constater que le seul espoir pour les altoséquanais de GPSO contraints de toujours plus consommer d’énergie est le passage du gaz à la géothermie du réseau de chaleur de Meudon. À Paris, le succès du réseau de rafraichissement des bâtiments publics utilisant l’eau de la Seine donnerait-il matière à de nouveaux projets plus ambitieux ?
VDSV