Et si les villes laissaient enfin la pluie s’infiltrer dans les sols ?

Véritables pieuvres d’asphalte, nos villes perturbent le cycle de l’eau et empêchent la pluie de s’infiltrer dans les sols. Les problèmes engendrés sont nombreux : inondations, pollution, diminution des réserves dans les nappes phréatiques… Une solution simple est pourtant à portée de main : un peu plus de nature en ville !

Rue partiellement végétalisée par les habitants, Tours (37)

Rue partiellement végétalisée par les habitants, Tours (37)

Nos sols urbains s’imperméabilisent à mesure que nous construisons. La suite de l’histoire n’est pas difficile à deviner : de moins en moins d’espaces sont alloués à l’infiltration des eaux de pluie, qui finissent par ruisseler en torrents sur les chaussées et par saturer les tuyaux d’assainissement. Les conséquences sur nos vies citadines sont loin d’être anodines.

Un coût important pour la collectivité

L’impact le plus visible de l’imperméabilisation des sols est certainement l’augmentation du risque d’inondation. Son coût, humain et matériel, peut rapidement devenir considérable. Après un soudain orage sur la capitale en juillet 2017, il avait ainsi fallu déployer un important dispositif de pompage pour permettre aux Parisiens de retrouver leur mobilité, car l’eau était allée jusqu’à envahir certaines stations de métro.

Autre conséquence notable : le débordement des stations d’épuration en période d’orage. Pour éviter les pollutions, nombreuses sont les collectivités, un peu partout en France, à avoir récemment dû mettre en place des bassins d’orage.

Enfin, une conséquence un peu moins visible mais néanmoins essentielle : la pluie ne vient plus alimenter les nappes phréatiques sous les villes. À long terme, cela implique une diminution des ressources en eau douce du territoire, alors que les besoins augmentent. In fine, il n’est pas impossible qu’en France métropolitaine même, des tensions sur le partage de l’eau émergent de manière chronique.

Le coût de l’inaction paraît donc énorme pour la collectivité.

L’influence du changement climatique

D’autant que la situation ne va pas s’améliorer avec le changement climatique. D’après les experts du climat, les épisodes d’inondation violents comme celui d’octobre dernier dans l’Aude sont amenés à se reproduire de plus en plus fréquemment dans le sud de la France. Parallèlement, il est prévu que les épisodes de sécheresse se multiplient, renforçant les pressions sur les ressources en eau disponibles.

Une solution alternative simple :
la nature en ville

Il devient donc urgent d’agir. Le tout-tuyau ayant montré ses limites, des solutions dites alternatives ont pu émerger. Pour la plupart fondées sur le végétal, elles laissent la pluie s’infiltrer à l’endroit où elle tombe, limitant ainsi le ruissellement, à l’image des « jardins de pluie ». Ces aménagements paysagers sont entièrement dédiés à la gestion écologique des eaux pluviales. Le système racinaire des plantes facilite l’écoulement d’une partie de l’eau, tandis que l’autre est renvoyée dans l’atmosphère par évapotranspiration.

Point positif, les solutions de nature s’adaptent en fonction du type d’espace. En milieu urbain dense, il est possible de végétaliser les toits, et les citadins peuvent souvent eux-mêmes désimperméabiliser leur rue, en végétalisant leur pas-de-porte. De nombreuses villes, à l’instar de Tours (37), délivrent ainsi des « permis de végétaliser » aux habitants qui en font la demande.

Certaines collectivités se saisissent donc aujourd’hui de la question, comme le Grand Lyon et Paris, via son Plan Paris Pluie. Au-delà de la diminution des risques d’inondation, elles réalisent la richesse que peut représenter l’eau de pluie en ville. En désimperméabilisant et en végétalisant, c’est aussi la biodiversité qu’on favorise, et avec elle, un climat urbain agréable à vivre.

Pour réconcilier les villes et la pluie, et ainsi faire face au défi climatique du xxie siècle, engageons-nous donc pour plus d’éléments de nature dans nos rues !

Héloïse Gautier

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