Le maire de Boulogne-Billancourt répond à notre recours gracieux, la réglementation a été respectée mais est-ce suffisant ?
Albert Kahn (1860-1940) fait partie de cette espèce d’hommes d’affaires qui, une fois fortune faite, deviennent mécènes. Ainsi en 1895, il se lance, au niveau du quai du Quatre septembre à Boulogne, dans la construction d’un jardin devant devenir le symbole du dialogue entre les peuples et la culture. Dans un même site, il va faire cohabiter deux jardins un anglais et un japonais, ainsi que trois forêts : la bleue, la dorée et la vosgienne. Parallèlement à ces ensembles floraux, il se lance dans un vaste projet de documentation dénommé les « Archives de la Planète », toujours dans le souci d’une meilleure entente entre les peuples. De nos jours, ce fonds documentaire comprend 72 000 autochromes (photographies en couleurs véritables sur plaques de verre) couvrant 60 pays.
Devenu propriété du Conseil général des Hauts-de-Seine en 1986, cet ensemble doit évoluer afin d’assurer une meilleure exposition des autochromes et d’améliorer l’accueil du public.
Le département lance dès 2009 une procédure de réaménagement mais, au lieu d’opter pour une solution reposant sur l’utilisation complète des 9 bâtiments existants du site, il préfère l’agrandir en construisant un nouveau bâtiment de 2 300 m² et en rénovant les existants sans pour autant en faire des lieux d’exposition. Ce projet recèle des zones d’inquiétude relative à l’intégrité de la faune et de la flore présentes sur le site et au respect de son caractère polyculturel. C’est au regard de ces deux questions qu’un recours gracieux a été formé le 23 octobre 2014 par notre association à l’encontre du permis de construire du nouveau bâtiment. La réponse de la mairie de Boulogne-Billancourt nous est parvenue le 17 janvier dernier. Elle indique qu’il n’y aura pas de « japonisation » du site et ajoute du fait qu’ « Albert Kahn n’est pas localisé dans un site dit protégé » l’ensemble des règles prescrites par le code de l’environnement a été respecté. Mais n’est-ce pas cela précisément qui manque à ce site, l’application de règles de protection lui permettant de poursuivre son existence sans subir les tocades des dirigeants du département ?
Alain Mathioudakis