Les cheminées ne correspondraient pas aux normes établies pour les besoins de dispersion des gaz toxiques ; deux associations s’en sont émues.
En avril dernier les associations Écologie Sans Frontière et le CNIID (Centre national d’information indépendante sur les déchets), ainsi que Didier Hervo, conseiller municipal à Issy-les-Moulineaux et adhérent de Val de Seine Vert, déposaient un recours au Tribunal administratif contre un arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation pour le Syctom de l’usine Isséane.
L’usine, capable de traiter 460 000 tonnes de déchets par incinération, a été construite sur d’anciens terrains Renault isolés entre le boulevard périphérique, l’héliport et le pont d’Issy. À l’époque, ce secteur en bordure de Seine était dépourvu de bureaux, à part ceux d’Yves Rocher, installés dans une ancienne halle.
De nouveaux riverains
Une modification du PLU (Plan local d’urbanisme) d’Issy-les-Moulineaux a permis plus tard à un nouveau quartier d’affaire de se développer avec l’immeuble de la société Generali, occupé par Microsoft, et les tours de l’entreprise Bouygues. Adossé de l’autre côté des voies ferrées s’étend un grand quartier de bureaux. En 2013, sur une autre parcelle cédée pour un euro symbolique, s’ouvrira l’école de formation du Barreau de Paris. Isséane est donc cernée par les bureaux, et malgré l’absence de panache de fumée, les entreprises et salariés aux alentours s’inquiètent de ce que cette installation peut émettre comme substances toxiques.
Rehausser les cheminées ?
Les cheminées, voulues invisibles au départ par la ville d’Issy, s’élèvent à 26 mètres de haut, mais ne correspondraient pas aux normes établies pour les besoins de dispersion des gaz qui, de ce fait, se rabattraient sur les espaces riverains.
Les associations requérantes qui mettent en doute la conformité de la hauteur des cheminées à la réglementation en vigueur, recommandent donc une rehausse des cheminées jusqu’à 30 ou 50 m, en arguant du fait que les calculs effectués avant construction n’auraient pas pris en compte l’ensemble des paramètres…
Le Syctom propriétaire de l’usine étudie l’intégration d’une cheminée de grande hauteur « qui permettrait d’évacuer les effluents atmosphériques au-dessus des bâtiments riverains » malgré un investissement non prévu à l’origine.
La morale de cette histoire : ce n’est pas en supprimant les cheminées – ou une balise d’Airparif (voir La Lettre de VDSV n° 54, février 2010) – qu’on supprime la pollution.
Gil Leparmentier
Pour plus de détails : www.incinerateur-issylesmoulineaux.fr