En Ile-de-France les besoins en logements sont considérables. Pour loger sans bétonner les espaces de nature, des solutions existent. Trois grandes ONG viennent d’en faire la démonstration.
En 2024 la Fondation pour l’habitat des défavorisés (ancienne Fondation Abbé Pierre) et la Fondation pour la nature et l’homme produisent un rapport intitulé Réussir le ZAN (zéro artificialisation nette) en réduisant le mal logement : c’est possible !. Il identifie les leviers permettant de produire des logements en reconstruisant la ville sur la ville. Ces leviers France nature environnement Ile-de-France les avaient également repérés, restait à quantifier le nombre de logements qu’il est raisonnablement possible de produire.
70 000 logements/an
Les trois grandes ONG ont uni leurs efforts pour réaliser cette étude. Il a fallu rassembler les données disponibles, réunir des experts, enquêter sur le terrain… Au terme d’une année de travail, les chiffres sont tombés.
Il est possible de produire 70 000 logements par an, l’objectif imposé par la loi Grand Paris à l’Ile-de-France, sans cannibaliser les espaces naturels. Le potentiel est énorme, il permet d’agir avec discernement, car toutes les opportunités ne sont pas bonnes à prendre.

Huit leviers en action
L’étude, disponible en ligne, se décompose en deux grandes parties. Les huits leviers identifiés (cf. graphique) sont d’abord passer au crible et le nombre de logements attendu est clairement affiché. Ensuite, il est question de qualité de vie. Des secteurs sont pollués, d’autres bruyants, parfois les nuisances se cumulent… Il ne faut donc pas densifier n’importe où et veiller à ce que chacun y trouve son compte. Le retraité qui vit dans un pavillon trop grand et inadapté doit pouvoir trouver une nouvelle chaussure à son pied, c’est ce que l’on appelle
le « parcours résidentiel ». Ainsi un pavillon peut se libérer, s’agrandir d’un étage et, peut-être, permettre la création d’un commerce de proximité en rez-de-chaussée. Les quartiers pavillonnaires représentent un fort potentiel de nouveaux logements, encore faut-il que les habitants voient leurs quartiers évoluer positivement. L’acceptabilité de cette nouvelle façon d’aménager passe aussi par un rapprochement domicile – travail. La ville de demain doit être celle du quart d’heure. Réduire les déplacements contraints c’est gagner en qualité de vie.
Enfin, l’étude propose des pistes pour produire des logements abordables. Car le vrais besoin de notre région est là, ce sont les logements sociaux et très sociaux qui manquent le plus.
Un enjeu pour les municipalités
Il est clair que la mise en œuvre de cette nouvelle façon de faire la ville nécessite une action volontariste de la part des élus. Pour prendre un exemple concret, une ville comme Sèvres, dont le Plan local d’urbanisme (PLU) limite la hauteur des bâtiments, devrait revoir sa copie.
Aujourd’hui la surélévation des bâtiments est proscrite alors que c’est un levier important pour créer des logements. Ces questions, et quelques autres, devraient être soulevées lors des prochaines
élections municipales.
Luc Blanchard





