Point de vue sur Rock-en-Seine

Le parc de Saint-Cloud se retrouve chaque année dans un état lamentable du fait du festival Rock-en-Seine. L’empreinte écologique de cette manifestation pose question.

Le bas-parc abîmé par la manifestation Rock-en-Seine est inutilisable pour ses promeneurs pendant des semaines, installation et remballage compris : ornières gigantesques, herbe annihilée, barrières métalliques partout, vigiles et maîtres-chiens rois du parc.

Année après année ce festival étend son empreinte. Des dizaines de milliers de personnes sont accueillies fin août pour plus de 100 euros lors de trois jours de concerts. La Région subventionne ce concert à hauteur de plus de 600 000 euros, le Conseil général en donne 300 000 euros, la location du parc par les organisateurs est évaluée en 2010 à 730 000 euros. Ce seul méga festival absorbe autant de subventions que 20 autres plus modestes. Il est sponsorisé avec une affiche « internationale » ; comme alibi régional, une scène accueille des groupes franciliens et une animation « familles » est prévue.

De l’éco-responsabilité

Si comme l’écrit l’Ademe*, les Trans Musicales de Rennes ont sur trois jours consommé 1 million de KWh et 30 tonnes de déchets pour 46 500 spectateurs, il en est attendu chaque année 75 000 à Saint-Cloud et rien de sérieux n’est fait pour limiter la consommation. Les parkings se multiplient avec des groupes électrogènes pour leur éclairage ; les avancées les plus concrètes sont la distribution de bouchons d’oreille (!) et la mise en place de toilettes sèches.

L’Ademe a publié un guide pour les manifestations éco-responsables (« Notice pour une éco-manifestation »). Vincent Gazeilles, conseiller général de Clamart est le seul élu à refuser le subventionnement de cette manifestation et les billets gratuits associés. Ne peut-on d’ailleurs s’inquiéter du fait que des élus qui votent une subvention à une manifestation se voient gratifiés de places gratuites ?

Il semble que l’administratrice se préoccupe assez peu de l’empreinte écologique des diverses initiatives sur le parc. Elle n’a toujours pas répondu à ma lettre lui demandant pourquoi elle délivrait des passes automobiles gratuits aux élus des communes riveraines du parc, ni pourquoi elle ne faisait pas réduire la vitesse sur les axes de circulation dans ce parc.

Frédéric Puzin

* Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

61.2 photo Fleurs2_fmtPlantes rares au parc de Saint-Cloud

Quelques stations de deux espèces patrimoniales rares et protégées ont été découvertes il y a quelques années dans des parties très fréquentées du parc : la tulipe sauvage et la gagée des champs. Des mesures de protection rigoureuses sont prises pour les tulipes lors des festivités d’été et notamment pendant le festival Rock-en-Seine, mais pour mieux pallier le problème de sur-fréquentation, un plan de déplacement de ces plantes est en préparation. Un projet de restauration de l’habitat de la gagée, en danger critique d’extinction en France, est en cours de réflexion. Le Domaine national de Saint-Cloud, aidé par l’association Espaces*, œuvre ainsi de façon exemplaire à leur préservation ; ce travail ne peut réussir qu’avec l’implication du public et des instances politiques.

John Rose

Parc de Saint-Cloud

Discutons-en…

Encore un article (ci-dessus), et beaucoup de réactions (par mail) autour de l’article sur Rock-en-Seine de notre dernière Lettre. Le débat fait rage entre ceux qui souhaitent que le parc reste un lieu de festivités et ceux qui veulent préserver le site, sa faune sa flore et son voisinage des pollutions sonores et des dégradations. Alors, prise d’otages par le bruit et la fureur des transes musicales des jeunes ? Ou moments de plaisir et de beauté partagés ?

Et que penser de la pousse des tours-champignons sur nos berges, de la transformation de ces berges au profit de la circulation automobile et de l’abattage massif des arbres de nos forêts ?

Discutons-en, partageons nos points de vue, nos éclairages, nos sensibilités. Rendez-vous sur notre site www.valdeseinevert.net : chaque article peut être suivi d’un débat, dont la Lettre suivante pourra se faire l’écho.

VDSV

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