Les forêts sont-elles en danger ?

La forêt française progresse en moyenne de 80 000 hectares par an depuis le début du siècle dernier, mais la santé de la forêt se détériore rapidement. Qu’en est-il dans nos communes ?

En 2010, la forêt française captait 15 % des émissions nationales de gaz carbonique soit 60 millions de tonnes. En 2020, elle en capte moins de 7,5 %, la chute est vertigineuse. Ainsi, les forêts des régions Hauts-de-France et Grand Est ne fixent plus de gaz carbonique mais sont devenues émettrices de ce gaz, en raison de mortalité accrue (sécheresse, maladies, incendies) et de trop de prélèvements. L’Académie des Sciences dans son rapport sur la forêt paru en juin 2023 alerte sur la crise que traversent les forêts françaises et propose des solutions. France Stratégie, agence gouvernementale de prévisions, suggère, dans sa note d’analyse de juillet 2023, de réorienter la filière forêt-bois.

Par Michel Riottot, photo de la forêt de Meudon parcelle 29 en régénération…Elle se situe près de l’enclos du collège Bel Air.

Les forêts franciliennes couvrent 23 % de la région Ile-de-France soit 263 000 hectares et sont pour 33 % la propriété de l’Etat et des communes (forêts domaniales 81 % et communales 19 %) et pour 67 % des forêts privées réparties entre près de 148 000 propriétaires. Ces forêts peuvent être classées en deux groupes : les forêts urbaines, des forêts enclavées dans les villes de l’agglomération parisienne, et les forêts rurales de la seconde couronne francilienne.

Les quatre forêts domaniales des Hauts de Seine : Verrières, Meudon, Fausses-Reposes et Malmaison sont des forêts urbaines peuplées de feuillus et couvrent environ 2000 hectares. Elles sont gérées par l’Office national des forêts et ont une double vocation accueillir les visiteurs, près de 8 millions par an, et produire du bois pour la construction ou le chauffage.

Ces forêts souffrent de la sécheresse, de l’action des ravageurs (champignons tels que l’encre du châtaignier ou de la chalarose du frêne, ou d’insectes xylophages attaquant de nombreuses espèces d’arbres) et de trop de prélèvements de bois. Les forêts de Meudon et de la Malmaison ont une dominante de châtaigniers et sont fortement attaquées ce qui entraîne des coupes sanitaires des arbres les plus atteints.

A Meudon la forêt régresse

La moyenne annuelle de prélèvements sur vingt ans est d’environ 3500 m3/an, mais en 2021 comme en 2022 les prélèvements sont supérieurs avec respectivement 4300 et 4000 m3. Or, selon le plan de gestion 2021-2040 la croissance annuelle de bois est de 4200 m3 et il est rare de prélever dans une forêt plus que ce qu’elle produit annuellement. L’explication de l’ONF est double, abattage des arbres malades et mise en place de couloirs d’exploitation de 4 mètres de large tous les 24 mètres (cf. #107, mai 2023).

Conclusion

Les forêts urbaines sont une source de fraîcheur et de repos pour les villes voisines et les promeneurs tout en étant des réserves d’eau souterraines. Elles ne peuvent plus être gérées comme des forêts de production de bois même si leur gestion doit prévenir tous les risques pour les promeneurs. Les collectivités publiques, département et villes, devraient soutenir l’ONF afin que le surcoût d’accueil du public ne soit pas couvert par la vente de bois.

Michel Riottot

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