Dans l’accord passé entre l’État et la région Île-de-France en janvier 2011, le projet de super métro automatique francilien Grand Paris Express (GPE) était budgété pour un montant global de 20 milliards. Aujourd’hui, son coût serait estimé à 35 milliards !
Ce dépassement budgétaire laisse déjà présager la remise en cause de certains tronçons de ce nouveau réseau, notamment les lignes 15 ouest (tranche Nanterre La Folie – Saint-Denis Pleyel) et 17 (Saint-Denis Pleyel – Le Mesnil-Amelot) sous forme d’annulation totale ou de report du planning de construction. Si cela s’avère exact, plusieurs questions se posent. Un réseau dont une partie des branches risque de ne pas se faire peut-il garder sa cohérence ? Le cahier des charges n’a-t-il pas sous-estimé des aspects techniques afin de faire accepter par les décideurs publics et privés ce projet ?
L’annonce de ce chiffre a aussi permis de faire prendre conscience à certains élus, au départ très favorables à ce projet pharaonique, comme nous l’écrivions dans ces colonnes dès son lancement, qu’il va à terme bouleverser l’équilibre urbain de certaines villes et donc leur qualité de vie.
En effet, la rentabilité de ce projet ne pourra être atteinte que si l’Île-de-France croît de 3 à 4 millions d’habitants supplémentaires. Cette augmentation globale rapportée à une ville comme Meudon, par exemple, signifie que cette dernière doit augmenter de 22 % sa population en l’espace de dix ans, passant ainsi de 45 000 à 55 000 habitants. Cet accroissement dû à des impératifs technocratiques et économiques provoque donc une densification à outrance qui va accentuer bien des problèmes actuels, entre autres la pollution de l’air. La réalité spatiale et le patrimoine culturel, bâti et non bâti, de certains territoires vont être encore plus ouvertement sacrifiés.
La création d’un réseau de bus électriques en site propre, voire de tramways, aurait coûté moins cher et aurait eu plus de chance d’être réalisé en sa totalité. Un autre avantage de l’une de ces solutions : les désagréments liés à ce chantier auraient eu moins de conséquences à court, moyen et long terme sur la vie quotidienne des Franciliens que ceux du GPE.
Alain Mathioudakis