Le parc de Saint-Cloud est le plus grand espace vert des Hauts-de-Seine. Par le choix des événements qu’il accueille et des aménagements qu’il entreprend, il tente de redéfinir aujourd’hui son identité tout en cherchant son équilibre financier.
Clos de murs et de grilles, cet espace de 460 hectares est remarquable par les aménagements exceptionnels de jardins à la française, terrasses et espaces boisés réalisés par Le Nôtre à la fin du xviie siècle. Depuis le xvie siècle, le domaine est au cœur de l’Histoire de France, de Marie de Médicis à Napoléon, jusqu’à la funeste nuit du 13 octobre 1870 où l’ancien château, occupé par les Prussiens, fut entièrement brûlé puis détruit et jamais reconstruit.
Un espace naturel monumental
Le Domaine national de Saint-Cloud, classé monument historique depuis 1994, est géré par le Centre des monuments nationaux (CMN) qui dépend du ministre de la Culture. Ainsi, contrairement à une idée répandue, les villes voisines et le département n’ont pas d’influence sur la gestion ou l’entretien du domaine.
La partie boisée à l’ouest et au sud du parc avait beaucoup souffert de la tempête de 1999. Plusieurs zones sont restées longtemps difficiles d’accès aux promeneurs. La remise en état des massifs boisés a été longue mais semble maintenant achevée. Espérons que les niches écologiques qui s’étaient constituées dans les friches ont su être préservées !
L’entretien du parc et particulièrement de ses jardins à la française représente certainement un budget important sur lequel le CMN se montre bien discret. Soumis à la Révision générale des politiques publiques, le parc est à l’affût de nouvelles ressources pour équilibrer son budget.
Une gestion controversée
La traversée et/ou le stationnement de 6 000 véhicules par jour constitue une réelle nuisance pour les promeneurs et pour la nature mais représente environ un tiers de ses recettes, les restaurants et guinguettes ainsi que la concession du site de la Faisanderie au Stade français en génèrent d’autres.
Depuis quelques années, des lieux spécifiques du parc sont loués pour des événements privés : promotions, séminaires, mariage, etc. Des événements publics festifs sont aussi organisés, notamment dans le bas-parc, et font l’objet de controverses auprès des usagers du Parc et des riverains : festival musical Rock-en-Seine, fête foraine, cirques, brocantes, feux d’artifices.
L’administration du Parc affirme son désir de « faire vivre » l’espace et présente par exemple l’emblématique Rock-en-Seine comme un modèle en terme de préservation de l’environnement ! Quel que soit le goût que l’on a pour la musique amplifiée et la convivialité d’un tel événement, on peut en douter.
Un entretien indispensable
Dans les projets moins discutables du CNM, on trouve la remise en état des installations hydrauliques imaginées et réalisées par Le Nôtre qui a su profiter du terrain accidenté et des sources présentes pour alimenter les bassins et la Grande cascade par simple gravitation. Pour compléter le dispositif, un projet de dépollution des étangs amont de la Marche et de Villeneuve est en cours. Un partage plus harmonieux entre les voitures et les promeneurs, la conservation de la statuaire du parc incluant un mécanisme d’adoption de statues (toujours la recherche de financement !) ainsi que le développement des ateliers pédagogiques font également partie des projets du CNM.
Au cœur de notre territoire du Val de Seine, le parc de Saint-Cloud constitue un domaine exceptionnel où les aménagements sophistiqués de Le Nôtre côtoient des zones plus sauvages, refuge écologique de la faune et de la flore locales. Il est essentiel que les associations de défense de l’environnement de la région et particulièrement du Val de Seine participent à la préservation de cet espace et restent vigilantes vis-à-vis de l’utilisation commerciale du parc au détriment de ses usagers naturels.
Remi Lescœur