Les associations de défense de l’environnement ont obtenu de nombreuses modifications pour cet aménagement des 52 hectares de terrains laissés par le départ des usines Renault. Elles veulent la même chose pour l’Île Seguin.
Le projet d’aménagement des 52 hectares du Trapèze, une partie des terrains libérés par le départ des usines Renault, à Boulogne-Billancourt vient d’obtenir le label d’éco-quartier. Il fait partie des 13 aménagements retenus le 9 septembre par Cécile Duflot, ministre de l’égalité des territoires et du logement.
Grâce à une démarche de co-élaboration entre la municipalité et les associations, de véritables avancées avaient permis de modifier le projet initial. La moitié des 52 hectares du Trapèze a été réservée aux habitations dont un tiers sont des logements sociaux. Dans la moitié restante les bureaux occupent le tiers de la surface, le reste étant réservé aux équipements publics, aux activités et aux commerces. Sur tout le quartier, les équipements piétonniers et cyclables sont la norme, la voiture devient accessoire. Les eaux pluviales feront l’objet d’une gestion innovante et un vaste espace vert pourra jouer le rôle de « vase d’expansion » en cas de crue.
Pour arriver à ce résultat, un recours avait été déposé contre le Plan local d’urbanisme (PLU) de Boulogne-Billancourt. Après de nombreuses péripéties un accord avait été trouvé. Il prévoyait la mise en place d’une structure de concertation entre élus, techniciens et associations. La commission Seguin Rives de Seine comprend cinq groupes de travail : constructibilité autorisée par le PLU, densité de population, infrastructure et transport, mémoire du site et charte du développement durable. Ils permettent de traiter la répartition des logements sociaux, la place du stationnement, la production de chaleur par les énergies renouvelables… C’est également lors de ces réunions qu’un compromis a été trouvé sur la constructibilité de l’île Seguin, autre terrain laissé par le départ de la Régie : 175 000 m², pas un de plus.
La concertation a alors montré son rôle essentiel dans l’élaboration d’un projet d’éco-quartier, voué à n’être, autrement, qu’une opération de communication. Malheureusement la commission Seguin-Rives de Seine n’a pas résisté aux changements politiques. En 2008, Pierre-Christophe Baguet devenu maire, entend faire table rase du passé. Sur le Trapèze c’est trop tard, mais pas sur l’île Seguin. Il laisse l’architecte Jean Nouvel dévoiler en 2011, sans la moindre concertation, un projet de 330 000 m2 avec cinq tours sur l’île. Il entraîne une levée de boucliers. Un collectif de huit associations (G8) se constitue. En juillet, les associations obtiennent l’annulation du PLU (cf. Lettre de septembre). Elles veulent un retour aux 175 000 m² constructibles et sans tours qui pourrait être, lui aussi, labellisé éco-quartier.
Luc Blanchard